Dix tonnes de déchets textiles déversés devant les grilles du Sénat ! C’est une action pour le moins spectaculaire que la coalition Stop Fast Fashion a organisée vendredi dernier. Plus d’une centaine de militants se sont rassemblés à cet effet à Paris, tandis que des actions similaires avaient lieu dans 40 villes à travers la France.
Cette initiative vise à attirer l’attention sur l’urgence d’adopter la proposition de loi anti fast-fashion, votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en mars 2024, mais toujours en attente d’examen par le Sénat. Cette action coup-de-poing intervient en effet un an jour pour jour après le vote historique de l’Assemblée nationale qui visait à mettre fin à la surproduction textile et ses impacts environnementaux dévastateurs.
Appel à des mesures fortes et ambitieuses
Malgré le soutien d’une majorité de représentants politiques, d’industriels et d’organisations de la société civile, la proposition de loi est actuellement bloquée au Sénat. Les entreprises directement concernées par la loi s’y opposent fortement, freinant les avancées nécessaires pour réduire l’empreinte écologique de l’industrie textile.
La coalition Stop Fast Fashion demande que la proposition de loi soit inscrite à l’ordre du jour du Sénat lors de la prochaine Conférence des présidents, prévue le 19 mars. La coalition appelle à une loi ambitieuse qui :
- Définisse clairement la fast-fashion, en incluant toutes les marques proposant plus de 10 000 références par an.
- Applique un système de bonus/malus financier basé sur l’affichage environnemental textile pour pénaliser les produits néfastes pour l’environnement.
- Concerne l’ensemble du secteur, y compris les plateformes de commerce en ligne comme Amazon, et pas seulement les marques d’ultra fast-fashion comme Shein ou Temu.
Une catastrophe sociale et écologique
Le secteur textile est responsable de près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En France, 70 % des vêtements vendus sont fabriqués en Asie du Sud-Est, où les travailleurs sont souvent exploités pour répondre aux cadences infernales de production.
Avec 3,3 milliards d’articles commercialisés en 2022, ce modèle contribue au déclin du secteur textile français, qui a perdu près de 10 000 emplois en un an et plus de 300 000 depuis les années 90.
Qui est la coalition Stop Fast Fashion ?
La coalition Stop Fast Fashion insiste sur l’urgence d’agir pour une mode éthique et durable, respectueuse de l’environnement et des droits humains. Elle appelle le gouvernement à examiner cette loi sans délai pour mettre fin à la catastrophe sociale et écologique que représente la fast-fashion.
La coalition regroupe plusieurs organisations engagées, dont : Action Aid France, Les Amis de la Terre France, Collectif Ethique sur l’étiquette, Emmaüs France, Max Havelaar France, Fashion Revolution France, France Nature Environnement, Halte à l’Obsolescence Programmée, Réseau Francilien du Réemploi, Réseau National des Ressourceries et Recycleries, et Zero Waste France.