Se ressourcer, se reposer, se retrouver. Dans le tiers-lieu parisien éphémère des Grands Voisins, qui attirait avant le coronavirus plus d’un millier de visiteurs extérieurs chaque semaine lors de soirées festives, pas facile de rester entre soi. Le rôle de cette Maison des Voisins, qu’elle est pressée de retrouver après le déconfinement, est donc de répondre à la fois aux attentes des « occupants » et à celles des « résidents » du site. Autrement dit, les personnes qui y travaillent chaque jour et celles qui y sont hébergées en urgence, parce qu’elles sont migrantes ou en situation de précarité.
En temps ordinaire, chacun peut venir à la Maison des Voisins pour faire une pause, se détendre dans un canapé, prendre un café, entamer une discussion impromptue avec les autres Voisins… que l’on habite dans l’une des chambres de l’association Aurore, ou que l’on gère une boutique d’artisanat ouverte aux visiteurs. « Ici, on n’a de comptes à rendre à personne, on n’est pas là pour poser des questions », explique Jean-Pierre Lecuyer, coordinateur de la Maison des Voisins.
Un Troc Shop dans la cour des miracles
Ici, des animations, des ateliers ou des repas collaboratifs sont organisés pour animer la communauté des Voisins : « Apportez à manger, nous dresserons la table », lance gaiement Jean-Pierre aux premiers Voisins du matin. Des cours d’alphabétisation, d’anglais ou d’informatique sont aussi proposés par des occupants ou par des résidents.
Enfin, un Troc Shop permet d’échanger des vêtements avec d’autres Voisins. Des échanges quotidiens, qui se font sur la base d’une monnaie-temps gagnée contre quelques heures de bénévolat, ou encore par la grâce d’un regard qui semble garantir un échange équitable. A leur manière, les Grands Voisins expérimentent la réinvention du concept de valeur monétaire.
Parfois, les visiteurs du site viennent se perdre dans cette cour des miracles. Située à l’écart du circuit de visite habituel, mais ouverte à tous, elle est un espace de respiration évidente. D’abord intrigués, les visiteurs ne tardent pas à comprendre son utilité. Certains demandent même comment répliquer cette belle initiative à l’extérieur. D’autres reviennent, c’est encore mieux.