Journée électrique aujourd’hui à Nantes, à l’occasion du vote du budget 2025 du Conseil régional des Pays de la Loire. La présidente Christelle Morançais (ex-UMP, devenue Horizons) a décidé d’économiser pas moins de 100 millions d’euros dans son budget d’ici 2028, soit bien au-delà des 40 millions demandés par le gouvernement, avec un impact immédiat sur plusieurs secteurs clés comme la culture et le monde associatif.
Ces coupes claires, qui peuvent aller jusqu’à -75 % pour certaines subventions culturelles, suscitent colère et inquiétude. La suppression de ces aides menace directement la survie de nombreuses structures et événements emblématiques, comme la Folle Journée de Nantes. Des rassemblements d’élus, de professionnels de la culture et de citoyens dénoncent une gestion jugée brutale et sans concertation.
Selon les premières estimations, les acteurs culturels nantais pourraient perdre plus de 3,5 millions d’euros en subventions, un manque à gagner qui pourrait entraîner une réaction en chaîne et des suppressions de postes à court terme.
Les réactions face à une décision jugée brutale
Aymeric Seasseau, adjoint à la culture de la ville de Nantes et président du Voyage à Nantes, déplore le manque de dialogue : « Nous avons appris ces suppressions par texto ou par téléphone, comme si c’étaient des lettres de licenciement. Cette brutalité n’a rien de républicain. Les professionnels mobilisés ce matin ont raison d’exprimer leur colère », indique-t-il à la presse locale.
Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et ancien Premier ministre, a vivement critiqué sur France Bleu la démarche de Christelle Morançais : « La culture n’est pas un luxe, ni une variable d’ajustement, c’est un pilier essentiel de la cohésion sociale. Cette attaque en règle contre le secteur menace des centaines d’emplois et le vivre ensemble. »
Une pétition contre ces coupes budgétaires a été lancée fin novembre, qu’on déjà signé la chanteuse nazairienne Zaho de Sagazan, l’actrice nantaise Anna Mouglalis, ou encore le chanteur vendéen Philippe Katherine, a relevé France Bleu.
« Un choix politique assumé »
Interrogée sur ces coupes budgétaires, Christelle Morançais a assumé dans Le Figaro un choix qu’elle qualifie de nécessaire pour préserver les investissements régionaux. « Payer des loyers ou financer des postes, ce n’est pas le rôle des subventions régionales. En ciblant les dépenses de fonctionnement, je protège l’investissement dans des projets d’avenir, comme la rénovation des lycées, l’achat de nouvelles rames de train ou la transition écologique des transports. »
Ses opposants dénoncent une vision comptable des finances publiques, tandis que la présidente assume un choix qu’elle juge stratégique et durable. D’autant que, au-delà des Pays de la Loire, cette décision pourrait faire école dans d’autres régions, où la santé financière des collectivités locales est également sous pression.
Jean-Marc Ayrault résume la crainte partagée par de nombreux opposants : « En sabrant les subventions culturelles, Christelle Morançais ouvre une brèche qui pourrait inciter d’autres collectivités à réduire elles aussi leurs soutiens. C’est toute une vision du service public de la culture qui est en jeu. »
Mobilisation régionale pour un enjeu national
A l’inverse, d’autres élus régionaux en France, comme Loïg Chesnais-Girard en Bretagne, prennent le contrepied en confortant les budgets culturels, sportifs et associatifs. Ce dernier rappelle que « ces trois domaines sont essentiels pour notre qualité de vie et la cohésion sociale des territoires. »
En début de semaine, lundi 18 décembre, des milliers de professionnels du secteur culturel avaient manifesté à Nantes pour dénoncer ces réductions budgétaires, rejoints par de nombreux élus locaux, toutes tendances politiques confondues.
Pour les acteurs mobilisés, il s’agit de rappeler que l’art, le sport et l’engagement citoyen sont bien plus que des dépenses : ce sont des investissements dans la cohésion et l’avenir de nos territoires.
Soutien total d’Hexopée et du Mouvement Associatif
De son côté, Le Mouvement associatif a tenu à exprimer son soutien aux acteurs associatifs des Pays de la Loire. « Contrairement à ce qui est avancé par la Région, les 100 000 associations ligériennes représentent un poids économique majeur à l’échelle locale avec près de 12% de l’emploi privé. Si la présidente de la Région s’intéresse tant au poids économique des associations, rappelons que le bénévolat représente près de 1% du PIB, soit 13,7 milliards d’euros à l’échelle des Pays de la Loire. En ce sens, peut-être serait-il temps de considérer les subventions aux associations comme un investissement et non comme une charge. »
Pour sa part, le syndicat d’employeurs Hexopée affirme que les coupes budgétaires prévues sur les activités sportives, sur l’accompagnement des jeunes en rupture scolaire par la Ligue de l’Enseignement, sur les colocations solidaires de l’AFEV, sur le fonctionnement de la structure Infos Jeunes / CRIJ, sur le soutien à la Maison de l’Europe sur les actions internationales, sur la Culture, l’éducation tout au long de la vie, ou encore sur les projets qui soutiennent les jeunes, leurs engagements, leurs volontariats (…) risquent de fragiliser gravement le tissu associatif local.
Ces décisions menacent non seulement des centaines d’emplois locaux, mais également le dynamisme et la solidarité de vos territoires. Les associations concernées contribuent à préserver un écosystème essentiel pour la jeunesse, les familles et les publics vulnérables, estime Hexopée.
Alors que l’austérité budgétaire guette, la réponse ne peut pas être de couper le soutien à celles et ceux qui s’organisent pour proposer des solutions concrètes sur le terrain et apporter leur soutien aux plus démunis, conclut également le Mouvement Associatif.