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L’effondrement silencieux du Planning familial : une faillite politique et une régression sociale

Le Planning familial est à bout de souffle. Partout en France, les antennes locales alertent sur un effondrement silencieux, presque invisible. Budgets gelés, subventions en retard, loyers impayés, primes non versées : les structures sont exsangues, les équipes épuisées. Et l’État, lui, regarde ailleurs. Ce désengagement n’est pas une ligne comptable : c’est une menace directe contre la santé, l’égalité et la dignité des femmes.

Un filet de sécurité sociale qui craque de toutes parts

« Le Planning familial est en train de s’effondrer à petit feu, dans l’indifférence générale », alerte Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers, sur LinkedIn. À Grenoble, l’inquiétude est palpable : le Planning de l’Isère, le plus ancien de France, pourrait devoir fermer plusieurs sites d’ici la fin de l’année, faute de financements. Ce seul centre assure pourtant 25 % des IVG du département et 12 000 consultations par an.

Mais ce n’est pas un cas isolé. À Lille, Limoges, Marseille, Saint-Denis… la situation est la même. Les vacations médicales sont impossibles à pourvoir, les psychologues quittent le navire, les interventions dans les collèges sont annulées. Le Planning familial ne tient plus qu’à des bouts de ficelle, alors qu’il est souvent le seul rempart pour les femmes isolées, les jeunes en détresse, les victimes de violences.

Un service vital, réduit au silence budgétaire

Depuis le Ségur de la santé, les professionnels associatifs attendent toujours la revalorisation salariale pourtant votée. Les promesses sont restées lettres mortes. Pendant ce temps, les besoins explosent : accès à la contraception, à l’IVG, accompagnement psychologique, éducation à la vie affective et sexuelle… Dans un contexte d’extrême-droitisation du discours politique ambiant qui voudrait revenir sur des décennies d’avancées sociales pour les Françaises.

Le Planning familial n’est pas un acteur parmi d’autres. Il est le seul lieu où l’on peut entrer sans jugement, être écouté sans condition, accueilli sans délai. Fermer ces centres, c’est refermer la porte à des milliers de vies en construction, ou en danger. Ce n’est pas une économie. C’est une régression sociale.

Quand l’État se retire, c’est la violence qui s’installe

Ce désengagement a un prix. Un prix humain. Un prix social. En France, les ruptures de droits s’accélèrent : violences non signalées, parcours de soins abandonnés, IVG tardives, jeunes livrés à eux-mêmes. Ce que l’on perd, ce n’est pas seulement un service. C’est un filet de sécurité. Un levier d’émancipation. Une promesse républicaine. Et disons-le clairement : ce sont encore les femmes qui paieront.

Les associations alertent. Les équipes s’épuisent. Les droits reculent. Cela ne va certes pas dans le sens du budget 2026, mais il est urgent que l’État réinvestisse massivement dans le Planning familial, qu’il en reconnaisse la mission d’intérêt général et assure un financement pérenne.

Car quand les lieux d’accueil ferment, ce n’est pas le vide qui s’installe. C’est la violence. Le silence. Et la honte. Et c’est la République qui recule, là où elle devrait tenir bon.

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