À la mi-mai, à la Maison des Canaux à Paris, plus de 80 représentants de Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) venus de toute la France ont officialisé la création du Mouvement des PTCE. Une nouvelle association nationale qui vise à structurer leur représentation, face à la dégradation progressive des financements publics et au besoin de visibilité et de reconnaissance politique.
Mais à peine ce Mouvement lancé, le coup de massue est tombé : en juin, le gouvernement décidait unilatéralement de supprimer jusqu’à 80 % des crédits dédiés aux PTCE, pourtant votés par le Parlement. Aucune justification, aucun débat, aucun signal préalable. Juste une coupe nette, contre l’avis unanime des acteurs de terrain, des collectivités locales… et même des parlementaires.
Une coupe budgétaire incompréhensible
Une coupe budgétaire incompréhensible : « Pourquoi casser ce qui fonctionne ? », interroge le Mouvement des PTCE sur ses réseaux sociaux, lançant l’alerte sous le mot-clé #SauvonsLesPTCE.
Il faut dire que les Pôles territoriaux de coopération économique incarnent, depuis plus d’une décennie, une autre manière de faire de l’économie : coopérative, locale, inclusive et durable. En rassemblant des entreprises, des associations, des collectivités et des citoyens autour de projets concrets dans les territoires, ils démontrent la puissance de l’action collective.
Alors pourquoi supprimer 80 % de leur budget public en 2025 ? D’autant que cette décision, qui contredit les engagements précédents de soutien à l’ESS, met en péril plus de 200 dynamiques locales, des milliers d’emplois et des centaines de projets d’innovation sociale !
Des résultats concrets, une utilité démontrée
Les PTCE, créés à partir de 2010, ont fait leurs preuves. Ils décloisonnent l’action publique, renforcent la coopération entre acteurs économiques, inventent des modèles économiques hybrides, créent des emplois durables et apportent des solutions concrètes là où l’économie classique échoue. Ils sont reconnus en France comme à l’échelle européenne comme des modèles d’innovation territoriale.
Agriculture de proximité, tiers-lieux, transition énergétique, circuits courts, relocalisation de filières, éducation populaire, inclusion par l’emploi : les PTCE incarnent l’ESS en action, partout sur le territoire, des zones rurales aux quartiers urbains populaires.
Mais leur force est aussi leur faiblesse : ils misent sur la coopération, le temps long, l’ancrage local… des démarches peu compatibles avec la logique des appels à projets précaires, des financements ponctuels et de la performance court-termiste.
Une mobilisation en cours pour inverser la tendance
Face à cette menace existentielle, le Mouvement des PTCE monte au front. Il demande la restitution immédiate des crédits votés et une rencontre avec les ministres de l’Économie et de l’ESS. Les messages affluent de toute la France : élus locaux, têtes de réseaux, partenaires associatifs, tous dénoncent une attaque injustifiée contre un pilier de l’économie territoriale.
« Nous ne comprenons pas », écrit sobrement le Mouvement, qui refuse de se résigner.
Une structuration nationale pour mieux peser
Le nouveau Mouvement des PTCE est piloté par un conseil d’administration représentatif, associant 9 PTCE, 5 réseaux nationaux (ESS France, RTES, Coorace, MES, Labo de l’ESS) et la SCIC Les PTCE Français. Une étape majeure pour ces acteurs qui, jusqu’ici, avançaient en réseau, mais sans véritable outil commun de plaidoyer ni de gouvernance.
À l’heure où la cohésion sociale se fragilise, où la transition écologique réclame des réponses locales, où les citoyens cherchent du sens dans leur engagement, affaiblir les PTCE, c’est tirer contre son propre camp.
Si l’État veut faire de l’ESS un levier de transformation des territoires, il doit soutenir les acteurs qui en sont déjà les artisans. Mediatico suivra de près les suites de cette mobilisation.


