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L’ESS peut-elle recoudre la République ?

Ravagés par la violence et par le feu. Les Restos du Cœur. Une antenne du Secours Populaire. Des maisons de quartier, des centres sociaux, des commerces, des écoles, des mairies, des voitures de police… Et tout ce qui, de près ou de loin, arbore un drapeau bleu-blanc-rouge à coloration républicaine, forcément suspect de ne pas écouter le bas peuple ! Après la mort de Nahel, nos « quartiers » s’enflamment. Et cela, au moment où Préfets viennent à nouveau de recevoir pour mission de réduire les périmètres des quartiers « politique de la ville », pour raison budgétaire. Alors, une nouvelle fois, en toute discrétion, l’économie sociale et solidaire est en première ligne. Et tente de recoudre notre République abîmée.

Imputables pour l’essentiel à des jeunes de 14 à 18 ans, ces violences nous disent bien sûr combien l’adolescence est l’âge de la révolte. Mais c’est aussi l’âge du stage en fin de classe de 3e, qui permet d’approcher pour la première fois le monde du travail, souvent celui des parents. Et c’est aussi déjà presque l’âge du service civique, inventé par UnisCité, qui permet aux jeunes de découvrir dans les associations ou les collectivités locales de multiples missions, dont certaines deviendront peut-être l’engagement d’une vie. 

Pour ramener le calme, il a fallu une reprise en main judiciaire ferme, avec plusieurs dizaines de comparutions immédiates assorties de peines de prison fermes. Le calme, pour l’instant. Car, dans les quartiers, le feu couve toujours. Les maires, les travailleurs sociaux, les éducateurs, les bénévoles associatifs… autrement dit, tous ceux qui sont en position d’accueillir des jeunes en service civique, poursuivent sans relâche leur indispensable travail de terrain. Et tentent, comme ils peuvent, de palier les carences sociales, culturelles et financières de l’Etat. 

L’ESS est en première ligne, mais hélas sans financements suffisants. Une nouvelle fois, les acteurs de l’économie sociale et solidaire le regrettent amèrement et demandent à l’Etat des moyens financiers pour pouvoir honorer leurs missions comme il se doit. Ils témoignent :  

Moussa Camara : « Il y a des jeunes qui sont en train de gâcher leur avenir parce qu’ils vont être condamnés, mais comment on construit derrière, pour éviter que les perdants soient toujours les mêmes ? ». Moussa Camara est le fondateur de l’association Les Déterminés, qui accompagne les projets de création d’entreprises dans les quartiers (son témoignage en vidéo).

François Dechy : « Le temps de la justice doit venir, celui des réponses politiques aussi », assurait-il au lendemain des violences qui ont durement touché sa ville suite à la mort de Nahel. François Dechy est fondateur de l’entreprise sociale Baluchon, devenu maire de Romainville lors des dernières élections municipales (lire son communiqué).

Jérôme Saddier, sur Mediatico : « Aujourd’hui, nous avons besoin d’un grand plan pour la République et d’un grand plan pour l’éducation populaire (…) Nous avons un problème d’argent, de volonté, de structuration de l’État, de rapport aux collectivités territoriales. Il nous faut une loi de programmation budgétaire complémentaire de la loi ESS de 2014 ». Jérôme Saddier est président d’ESS France, qui rassemble toutes les familles de l’ESS (voir notre interview vidéo intégrale).


ESS France avait porté un projet collectif nommé « La République de l’ESS » durant la dernière campagne présidentielle (découvrir le projet). Une vision alternative aux modèles politiques que l’on connait déjà et qui ont prouvé depuis des années qu’ils étaient incapables de faire face aux grandes problématiques sociales, économiques et écologiques de notre temps. Une République plus sociale et plus solidaire, qu’il serait bon de porter collectivement aujourd’hui. Comme ont justement décidé de le faire, la semaine dernière, 997 dirigeant.es et militant.es d’une transition « juste », à l’appel de Bastien Sibille (lire en bref ci-dessous).

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