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La vie associative en France montre des signes encourageants de reprise et de dynamisme, affirme la dernière publication de l’organisme Recherches et Solidarités. Entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, le secteur associatif avait enregistré plus de 73.000 nouvelles créations d’associations, un des niveaux les plus élevés depuis 2010. 

Mais ça, c’était juste avant la crise politique et institutionnelle actuelle. Alors que de fortes préoccupations demeuraient l’été dernier encore, notamment sur le bénévolat et l’évolution des politiques publiques, les orientations du budget 2025 risquent de marquer un coup d’arrêt brutal au dynamisme des trois dernières années.

Les créations d’associations toujours en forte croissance

En matière de création d’associations, les chiffres révèlent une continuité dans la forte dynamique amorcée après la crise sanitaire, avec 73.120 nouvelles structures enregistrées sur la période. Le nombre de créations avait fortement chuté lors de la pandémie, mais le secteur a montré une très nette capacité de résilience. 

La répartition des nouvelles associations montre une prédominance des activités culturelles (24%) et sportives (16,6%). Les associations d’entraide et de solidarité, ainsi que les clubs de loisirs, contribuent également de manière significative aux créations, soulignant une diversité des projets collectifs dans le tissu associatif.

Record de l’emploi associatif et regain de dynamisme… avant l’été !

Les défis du bénévolat

Pour autant, l’engagement bénévole reste une source d’inquiétude pour les responsables associatifs. Le secteur ne se remet pas des effets de la crise sanitaire, qui a perturbé les habitudes d’engagement. Les données de 2024 montrent que seulement 9% des Français s’engagent chaque semaine dans une association, contre 12,5% en 2010. 

Le renouvellement des bénévoles est inégal, avec une baisse marquée chez les plus de 70 ans, et une croissance chez les 25-34 ans, qui représentent désormais 30% des bénévoles. Cette fracture est aussi visible parmi les moins diplômés, dont seulement 15% sont engagés, contre 33% des titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Cette situation limite les opportunités d’épanouissement personnel, tout en fragilisant le fonctionnement des associations.

Le bénévolat reste néanmoins une expérience enrichissante pour la grande majorité de ceux qui s’y engagent, 85% des bénévoles agissant pour se sentir utiles aux autres. Le développement de compétences professionnelles ou personnelles est également une bonne motivation. Mais une part croissante de bénévoles se montre décue quant au véritable pouvoir d’agir de leurs associations et certains souhaitent être mieux accompagnés, notamment par des formations adaptées.

L’évolution du moral des responsables associatifs

Dans ce contexte, le moral des responsables d’associations vacille. Les mutations du secteur, déjà mises en lumière dans le rapport « La France bénévole » paru en mai dernier, sont ressenties particulièrement dans la gestion des ressources humaines bénévoles et dans les responsabilités liées à l’emploi.

En effet, les dirigeants sont de plus en plus préoccupés par l’évolution des politiques publiques, qui affectent leur capacité à remplir correctement leurs missions de terrain. La pression administrative et les obligations en matière d’emploi, notamment l’application de la Prime de Partage de la Valeur, ajoutent à ces défis (lire ci-après).

L’emploi dans les associations : un record de 1,8 million de salariés

L’emploi dans les associations, qui avait reculé de 1,3 % en 2020 en raison de la crise sanitaire et des mesures de chômage partiel, a rebondi de 3,5 % en 2021, dépassant ainsi les niveaux d’avant-crise de 2019. La tendance s’est poursuivie en 2022 avec une hausse de 1,9 %, et une progression légèrement ralentie en 2023 (+1,1 %). Ce rebond marque trois années consécutives de croissance et reflète la capacité du secteur à se reconstruire après la pandémie. Au total, les associations françaises emploient désormais 1, 796 million de personnes, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré par le secteur.

Dans le même temps, la masse salariale a progressé dans les associations non seulement du fait de la reprise de l’emploi, mais aussi en raison des revalorisations du SMIC. Le secteur de la santé, de l’hébergement médico-social, et de l’action sociale sans hébergement représente aujourd’hui plus de la moitié des effectifs salariés et de la masse salariale, avec plus d’un million de travailleurs dans près de 37.000 établissements.

Notons que le secteur associatif a largement joué le jeu de l’apprentissage, enregistrant un doublement du nombre d’apprentis entre 2020 et 2022. L’année 2023 a enregistré une nouvelle hausse, mais plus modérée (+5,4 %) en raison de la baisse des aides pour les apprentis majeurs. Le sport reste le domaine associatif le plus actif en matière d’apprentissage, représentant 28 % des apprentis associatifs. D’autres secteurs comme l’hébergement médico-social et le social sans hébergement sont également dynamiques. La culture, avec seulement 3 %, est loin derrière.

Les salaires associatifs et la Prime de Partage de la Valeur

Dans les associations, le salaire moyen varie considérablement selon les secteurs : il atteint environ 39.160 euros dans la santé, mais 19.760 euros dans l’aide à domicile, 19.790 euros dans les loisirs et 17.860 euros dans les activités sportives. Cela reflète les différences de spécialisation des travailleurs et la nature du temps de travail, souvent partiel dans certains secteurs.

Quant à la Prime de Partage de la Valeur (PPV), introduite en 2022 pour remplacer la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, elle a été adoptée par 22,5 % des établissements associatifs en 2023. C’est une proportion proche de celle observée dans l’ensemble du secteur privé (23,6 %), même si le montant moyen de la prime versée par les associations reste inférieur à celui du privé (680 euros contre 885 euros). Ce dispositif exonéré de cotisations permet de soutenir le pouvoir d’achat des salariés, particulièrement dans un contexte d’inflation.

Un poids économique significatif

Au final, rappelle Recherches et Solidarités, les associations représentent près de 9% des emplois dans le secteur privé français, dépassant des secteurs économiques majeurs tels que la construction (8,2 %) et les transports (7,3 %), et se rapprochant du commerce de détail (9,3 %). 

Elles jouent un rôle prépondérant dans des domaines comme l’aide par le travail (90 % des effectifs), l’accueil d’enfants et d’adolescents sans hébergement (90 %), le sport (66 %), et le médico-social (68 %).

Ces éléments montrent que le secteur associatif, malgré ses défis, continue d’être un pilier économique en France, offrant de l’emploi et participant activement à l’insertion professionnelle. Cependant, l’avenir de l’emploi associatif dépendra de la capacité des pouvoirs publics à consolider ce secteur d’activité, qui reste au coeur du lien social en France.

L’étude complète de Recherces et Solidarités : 
https://recherches-solidarites.org/wp-content/uploads/2024/10/La-France-associative-10-10-2024.pdf

Effectifs associatifs salariés (en milliers) : 

Record de l’emploi associatif et regain de dynamisme… avant l’été !
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