En plein Salon International de l’Agriculture et au lendemain de l’adoption du projet de Loi d’Orientation Agricole par le Sénat, l’association Fermes d’Avenir fait le plaidoyer de la comptabilité écologique. Cette approche, qui considère à la fois les coûts financiers, naturels et humains, permet en effet de mieux évaluer les efforts déployés par les agriculteurs pour préserver les écosystèmes. Et d’adapter les aides publiques et privées en conséquence. Au final, une approche plus juste, plus équitable, plus proche de la réalité.
Un contexte législatif sous tension
Il faut dire que la question du financement de la transition agroécologique devient incontournable. Alors que l’article 13 de la Loi d’Orientation Agricole a suscité de vifs débats en mettant l’accent sur la souveraineté alimentaire au détriment des objectifs environnementaux, Fermes d’Avenir rappelle l’importance du principe de « non-régression environnementale » : ce principe garantit que toute évolution législative ne doit pas affaiblir les protections existantes. Dans ce cadre, la comptabilité écologique offre une approche objective pour chiffrer les coûts de préservation et mieux valoriser les pratiques agricoles durables.
Une récente étude pilotée par la Fédération Nationale des Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole (FNCUMA), avec le soutien de la Chaire Comptabilité Écologique, et accompagnée par Fermes d’Avenir, illustre cette problématique : sur un échantillon de dix fermes laitières, les coûts de préservation des capitaux naturels et humains varient entre 81 000 € et 280 000 € selon les pratiques mises en place. Des montants qui, aujourd’hui, pèsent essentiellement sur les agriculteurs eux-mêmes.
Mieux rémunérer les agriculteurs grâce à la comptabilité écologique
La comptabilité écologique ne cherche pas à donner un prix à la nature, explique Fermes d’Avenir, mais à évaluer les coûts de sa préservation. Elle repose sur le modèle C.A.R.E (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology) développé par la Chaire Comptabilité Écologique d’AgroParisTech. Déployée dans un premier temps en 2022 sur sept fermes du réseau Fermes d’Avenir, cette approche a été étendue en 2023-2024 à un échantillon de fermes laitières bretonnes, bio et non bio.
Les résultats sont sans appel : la transition agroécologique implique des investissements qui, s’ils ne sont pas mieux pris en charge, fragilisent économiquement les exploitations. Pour atteindre un bon état écologique, les dépenses supplémentaires nécessaires oscillent entre 4 000 € et 158 000 € par ferme, mettant en péril leur rentabilité.
Un appel à repenser le financement de l’agriculture durable
Fermes d’Avenir souligne que les agriculteurs ne peuvent pas être les seuls à supporter les coûts de la préservation des biens communs. Pour l’association, il est urgent d’adapter les aides agricoles et les mécanismes de financement, afin d’impliquer l’ensemble des parties prenantes : collectivités, entreprises, consommateurs.
Fermes d’Avenir profite du Salon International de l’Agriculture, à Paris, pour sensibiliser les décideurs et le grand public à la nécessité d’un nouveau modèle économique agricole, intégrant la comptabilité écologique. L’association sera présente sur le stand Max Havelaar le 27 février à 10h, puis sur le stand de la Mairie de Paris le 28 février, toute la journée.