La nomination de Sarah El Haïry au poste de Haut-commissaire à l’enfance, annoncée début mars, suscite des réactions mitigées parmi les associations de protection de l’enfance. Certaines voient en elle une alliée potentielle pour faire avancer les droits des enfants, mais d’autres expriment des doutes quant à l’efficacité réelle de ce nouveau poste.
Un accueil prudent des associations
La Dynamique pour les droits des enfants, un collectif regroupant près de 30 associations, a exprimé ses vœux de réussite à Sarah El Haïry tout en soulignant ses réserves. « Nous espérons pouvoir compter sur elle pour porter les combats nécessaires en faveur de l’enfance », a déclaré Florine Pruchon, coordinatrice du collectif. Cependant, elle a ajouté que « le temps n’est plus à l’analyse mais à l’action publique d’envergure ».
Les associations craignent que le Haut-commissariat ne dispose pas des moyens suffisants pour répondre aux défis auxquels sont confrontés les enfants et les professionnels qui les accompagnent. « Sans présumer de l’engagement de Sarah El Haïry, la Dynamique craint que ses moyens restent limités », a précisé Florine Pruchon.
Des attentes fortes et des défis à relever
La création de ce Haut-commissariat, annoncée par le président de la République le 28 décembre dernier, est perçue avant tout par certaines associations comme une réaction à l’indignation du secteur associatif, suite à l’absence de ministère dédié à l’enfance dans le gouvernement de François Bayrou. « Nous réitérons donc notre demande d’avoir un ministère de l’enfance de plein exercice », a insisté la Dynamique pour les droits des enfants.
Sarah El Haïry, ancienne ministre déléguée chargée de l’enfance, de la jeunesse et des familles, bénéficie d’une large confiance de la part d’une majorité des associations. Toutefois, celles-ci attendent de voir sa capacité d’action et, surtout, son « poids politique réel ». Joëlle Sicamois, directrice de la Fondation pour l’enfance, a exprimé ses doutes : « Le poste de Haut-commissaire est un gadget, car dans la hiérarchie administrative et gouvernementale, il a moins de pouvoirs qu’un ministre »., a-t-elle tranché.
Un appel à l’action concrète
Les associations appellent donc à la fois à à une coopération étroite avec la Haut-commissaire et à la mise en place d’actions concrètes. « Il nous semble nécessaire que Sarah El Haïry travaille en interministérialité, avec l’ensemble des ministères mobilisés sur l’enfance », a souligné Florine Pruchon. La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a également salué la nomination de Sarah El Haïry, appelant à une coopération pour construire une politique publique plus protectrice des enfants.
La Dynamique et ses membres espèrent néanmoins qu’un dialogue constructif pourra être mis en œuvre avec la Haut-commissaire. Ils appellent à la relance des comités interministériels à l’enfance et à la construction d’une stratégie nationale globale cohérente en faveur de l’enfance, en lien avec les collectivités territoriales et les associations.
Un dialogue pérenne avec les enfants eux-mêmes est également jugé essentiel, conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).