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Stratégie ESS 2035 : le Gouvernement lance une concertation nationale

Pour la première fois, la France va se doter d’une stratégie de long terme pour l’économie sociale et solidaire. Objectif : construire collectivement une feuille de route à l’horizon 2035, en mobilisant les acteurs de l’ESS, les collectivités et les citoyens engagés.

Les choix budgétaires de l’Etat asphyxient nombre de structures de l’économie sociale et solidaire, mais Véronique Louwagie garde le cap : la ministre maintient l’objectif de transmettre en fin d’année à Bruxelles la feuille de route de la France pour l’ESS à horizon 2035. Et cela, alors même que l’économie sociale est particulièrement fragilisée à Bruxelles depuis le 1er mai (lire sur Mediatico).

Car l’économie sociale et solidaire, trop longtemps cantonnée à un rôle d’alternative ou de complément, est au cœur des solutions pour faire face aux défis écologiques, sociaux et économiques, reconnaît Véronique Louwagie. Pour accompagner le secteur dans son changement d’échelle, le gouvernement a décidé de lancer une grande démarche participative, inédite par son ampleur : la construction de la stratégie française de l’ESS à horizon 2035.

Un Tour de France pour prendre le pouls du terrain

Pilotée par Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des PME et de l’Économie sociale et solidaire, cette concertation nationale prend la forme d’un Tour de France des ateliers participatifs.

Première étape à Rouen, avant de poser les valises à Dijon, Marseille, Orléans, Cayenne, Corte ou encore Fort-de-France… L’objectif est avant tout d’écouter les besoins, de valoriser les initiatives locales, et d’identifier les leviers pour renforcer l’impact de l’ESS. Des ambitions mesurées, qui soulignent bien, reconnaissons-le, les faibles marges de manœuvre de la ministre. Alors à chacun de faire sa part.

Une plateforme citoyenne ouverte à tous

Et nul besoin d’attendre le passage du Tour dans votre ville pour contribuer : la plateforme en ligne Agora permet à chacun de participer à distance. Une application mobile est également disponible. Acteurs de terrain, institutions, citoyens : tout le monde peut proposer ses idées, prioriser les enjeux ou réagir aux contributions d’autres participants.

👉 Pour contribuer dès maintenant : la plateforme Agora

La ministre a même décidé de jouer le jeu : « Je me suis prêtée à l’exercice sur Agora », écrit-elle sur LinkedIn, appelant tous les acteurs à faire de même. « Votre voix compte », insiste-t-elle !

Un sentiment de déconnexion face à l’urgence

Cette initiative numérique est saluée pour sa volonté d’ouverture, mais elle laisse certains militants et responsables associatifs perplexes.

« Madame la ministre, cessez de nous faire prendre des vessies pour des lanternes », peut-on lire sur LinkedIn. « Les revendications du secteur associatif sont connues depuis des années. Elles sont régulièrement rappelées par ESS France et Le Mouvement associatif. De nombreuses structures sont en grande difficulté à brève échéance, et n’ont que faire de votre application. »

Car le malaise est profond dans le secteur et plusieurs voix dénoncent un décalage croissant entre les discours institutionnels et la réalité du terrain, marquée par la baisse des financements publics, la précarisation de l’emploi associatif et la fragilité des modèles économiques.

« Quel décalage entre cette communication pour l’ESS 2035 et l’asphyxie financière programmée à court terme d’une majorité d’acteurs », regrette un autre commentaire. « Le rêve de la communication ne résout en rien les difficultés du terrain. »

En France, l’ESS représente plus de 10 % de l’emploi salarié, des milliers d’initiatives locales, une capacité d’innovation sociale et écologique saluée à l’international. Mais elle reste trop souvent sous-financée, mal connue du grand public, et insuffisamment prise en compte dans les politiques économiques classiques. C’est tout l’enjeu de cette stratégie : structurer, pérenniser, amplifier.

Mediatico suivra de près cette concertation, ses propositions phares et les suites données par le gouvernement. Car l’économie sociale et solidaire mérite une ambition à la hauteur de ses impacts.

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