ESS ON AIR

Bastien Sibille : « Le rôle de l’Etat, c’est d’abord de protéger la société et la démocratie »

Comment financer l’économie sociale et solidaire, alors que la première Conférence des financeurs de l’ESS martèle que les caisses de l’Etat sont vides ? « La France est un pays riche. Le gouvernement essaie de nous faire croire l’inverse, mais ceci n’est pas vrai. La France a les moyens de faire en sorte que le lien social, les vulnérabilités, les processus démocratiques, les libertés civiles soient garanties », répond Bastien Sibille, président de l’Opération Milliard, qui entend lever 1 milliard d’euros pour la transition juste de l’économie (regarder l’émission vidéo ci-dessous).

Bastien Sibille faisait partie des 60 invités triés sur le volet par le ministre de l’Économie, Eric Lombard, pour la Conférence des financeurs de l’ESS qui se tenait fin avril à Bercy. Il nous raconte ici, dans l’émission « ESS On Air » de Mediatico, son état d’esprit lors de son entrée dans l’immense salle de conférence. 

Les souffrances de l’ESS

« Ma première pensée va vers les hommes et les femmes qui conduisent des opérations dans l’ESS et qui sont en difficulté financière. Il faut savoir ce que c’est qu’avoir une trésorerie fléchissante, avoir vécu au fond de son ventre ce que c’est que de devoir procéder à des licenciements, pour comprendre tout le sérieux de cette question. Je suis entré dans cette salle avec au fond de moi l’intensité de ces souffrances ».

La crise financière de l’ESS est donc d’abord une souffrance : celle de dirigeants engagés pour une société plus juste, de leurs salariés, de leurs bénéficiaires. La réponse du gouvernement est-elle à la hauteur ? « Je salue l’initiative du gouvernement, j’appelle à ce qu’elle soit conduite avec le plus grand sérieux. Mais à ce jour, je n’ai pas entendu de méthode, de pilotage, ni de moyens à la hauteur des difficultés financières de l’ESS », assure Bastien Sibille.

Rendez-vous au CESE le 13 juin

L’association « Opération Milliard », née voilà juste un an, a eu le temps de consulter, de diagnostiquer, de réfléchir et de préconiser des solutions pour le financement de la transition juste. Plus de 60 organisations financières ont été associées à « ce travail à la frontière entre l’intérêt général, la finance, la politique », explique Bastien Sibille. En quelque sorte, ce collectif a déjà fait le travail de la Conférence des financeurs de l’ESS, en large partie. C’est au CESE, le 13 juin prochain, que seront tracées les grandes lignes des propositions de l’Opération Milliard.

Parmi ces propositions, la finance privée prendra sa place. Mais les finances publiques ne peuvent être absentes des solutions. « La Caisse des Dépôts par exemple doit jouer un rôle beaucoup plus important dans la reprise de leur outil industriel par les salariés », estime Bastien Sibille, également secrétaire général de CoopFR et cofondateur des Licoornes et de Mobicoop.

Et à la question de savoir si l’État ne devrait pas d’abord protéger les finances publiques et donc réduire les déficits, il répond : « Non, le rôle de l’Etat, c’est de protéger la société et la démocratie, c’est tout ».

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