Une maison des femmes vient d’ouvrir à Grenoble, sur le modèle de celle de Saint-Denis. Portée par trois gynécologues, elle a pour vocation la prise en charge de femmes victimes de violences afin de leur assurer un suivi transdisciplinaire. Elle est inaugurée aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
« J’ai commencé à poser systématiquement à mes patientes la question des violences et j’ai eu un nombre de réponses positives très élevées », explique Anne Angotti, gynécologue, directrice d’un centre de santé sexuelle et cofondatrice de la maison des femmes de Grenoble. Avec Camille Lesne-Véran, gynécologue obstétricienne et Pascale Hoffman, gynécologue spécialisée dans la fertilité, elle a réfléchi sur les effets des violences sexuelles, physiques ou psychologiques sur le corps. « La violence a des conséquences sur le corps, c’est pour cela qu’il faut une prise en compte dans le soin », résume-t-elle.
Pour y réfléchir elles ont créé l’association Uni(e-s)verselles et ont organisé régulièrement des réunions interdisciplinaires. Le but ? Créer une maison des femmes sur le modèle de celle lancée il y a déjà plusieurs années par Ghada Hatem à Saint-Denis. « Nous voulons que ce soit un lieu de soins le plus transversal possible », insiste Anne Angotti.
Former les professionnels
A la maison des femmes de Grenoble, construite en lien avec le CHU, il y a des médecins généralistes, des gynécologues, des infirmières, des sage-femmes, des psychologues, des psychiatres ou encore des kinésithérapeutes. « Pour les soignants, ces prises en charge sont difficiles, chronophages et émotionnellement compliquées », indique la gynécologue. C’est pourquoi l’un des objectifs de la structure est de former les soignants à la prise en charge de ces femmes.
Uni(e-s)verselles gèrera en parallèle toute la partie hors soins, pour faire de la coordination, de la formation, de la recherche grâce à Pierre Jothy, salarié qui travaille déjà depuis plusieurs mois pour l’association. Des ateliers psycho-corporels, de yoga ou encore des ateliers artistiques seront également proposés et gérés par l’association. Le cyberharcèlement étant une violence qui devient de plus en plus commune et connue, des ateliers de cyber sécurité seront aussi programmés. L’équipe est également en train de travailler sur la prise du dépôt de plainte in situ par la police.
Un financement hybride
Si l’adresse reste tenue secrète pour préserver la sécurité des femmes, ces dernières peuvent tout de même contacter directement la maison des femmes de Grenoble ou y être adressées par des professionnels. Comme pour celle de Saint-Denis, la structure est financée de façon hybride : un tiers par les actes médicaux réalisés in situ et remboursés par la CPAM et les mutuelles, un tiers par des collectivités et un tiers par des mécènes, même si l’équipe cherche encore des soutiens financiers issus du mécénat.
L’essaimage du modèle de Saint-Denis commence à porter ses fruits : après Rouen ou Marseille, Grenoble s’ajoute à la liste des maisons des femmes en régions. Un maillage territorial essentiel pour la prise en charge des femmes victimes de violences : « L’idée est de faire le lien avec tous les acteurs qui ont un bout du puzzle de la vie de ces femmes : comme la police ou encore la justice », ajoute Anne Angotti. Depuis son ouverture le 7 novembre, les demandes affluent. La maison des femmes de Grenoble est inaugurée aujourd’hui, 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Elodie Potente
Crédit photo : Uni(e-s)verselles.
Pour prendre contact avec la maison des femmes de Grenoble : 04 76 76 68 00 ou envoyer un mail à maisondesfemmes@chu-grenoble.fr