« L’économie sociale et solidaire est entrée dans l’hiver et les perspectives d’éclaircies à court terme sont assez peu probables ». Les mots sont durs, mais ils sonnent vrai. Ce sont ceux de David Cluzeau, le nouveau président de l’UDES, syndicat des employeurs de l’économie sociale et solidaire, qui a succédé le mois dernier à Hugues Vidor la tête de l’organisation.
L’économie sociale et solidaire est pourtant réputée d’habitude plus résistante face aux chocs économiques que l’économie classique. Pourquoi cette fois-ci les acteurs de l’ESS ne pourraient-ils pas faire preuve une nouvelle fois de résilience ? « Nous vivons une crise budgétaire, c’est très différent d’une crise économique », répond David Cluzeau à Mediatico, dans l’émission « ESS On Air » qui place l’ESS au coeur de l’actualité.
« On dit souvent que l’économie sociale et solidaire est résiliente parce que son mode de gestion est différente, prudente et qu’elle n’a pas besoin de dégager des excédents », reprend-il. Cela a permis à l’ESS de traverser les crises de l’inflation ou du Covid et de montrer la pertinence de son modèle, estime le président de l’UDES.
Le second semestre sera encore plus dur
Mais « dans une crise budgétaire, les acteurs de l’ESS sont au même niveau que les autres acteurs économiques ; une crise budgétaire vient même impacter directement les acteurs de l’ESS, parce que le secteur est en cheville extrêmement étroite avec le développement des politiques publiques sur l’ensemble du territoire », explique David Cluzeau.
Les perspectives sont donc inquiétantes pour les employeurs de l’ESS. « La situation va se durcir très fortement à partir du second semestre », d’autant que, « du point de vue du budget de l’Etat, il n’y a pus rien à gagner ». À Bercy, la messe est dite. Avec des conséquences immédiates sur le budget des collectivités territoriales, qui se répercutent là encore sur l’action des acteurs de l’économie sociale et solidaire.
En Auvergne-Rhône-Alpes, en Pays-de-la-Loire, ou dans le département de l’Hérault, les budgets de la culture, de l’éducation populaire, des solidarités ou encore de la vie associative sont sacrifiés. Mais derrière les budgets, il y a des hommes, des femmes, des enfants, que les acteurs de l’ESS ne peuvent plus aider. Car il y a des associations, des employeurs de l’ESS, qui mettront la clé sous la porte cette année.
186.000 emplois toujours menacés dans l’ESS
Le chiffre de 186.000 emplois menacés dans l’économie sociale et solidaire, évoqué par l’UDES lors de la présentation du budget de Michel Barnier finalement censuré, reste un chiffre sérieux et redouté aussi sous le gouvernement de François Bayrou, indique David Cluzeau.
Le nouveau président de l’UDES revient aussi, dans notre émission, sur la fermeture de la plateforme d’offres d’emplois Ambition ESS dans la région AuRA, alors que l’ESS représente un vivier d’emplois considérable, porteurs de sens, pour les jeunes générations. La rencontre demain entre l’UDES et la ministre du Travail sera riche, assurément.
Sur les retraites, l’UDES défend le système par répartition
David Cluzeau revient aussi dans notre émission sur la négociation sur les retraites, à laquelle l’UDES n’a pas été invité malgré sa demande. L’organisation patronale interviendra donc en coulisses pour faire valoir son point de vue, à savoir la nécessité de sauver le système de retraite par répartition, plus juste et hérité de l’après-guerre, plutôt que d’ouvrir la voie à un système par capitalisation qui s’en remettrait aux marchés financiers.
Le président de l’UDES estime par ailleurs que le chiffrage du déficit des retraites le plus crédible à ses yeux est celui de la Cour des Comptes, qui confirme celui du Conseil d’Orientation sur les Retraites : tous deux estiment le déficit de notre système de retraites à 15 milliards d’euros. Et non pas 55 milliards d’euros, comme annoncé par le Premier ministre.
Une émission à voir et à revoir en intégralité sur Mediatico, le média de l’ESS.