Guerre en Ukraine, centrales nucléaires à l’arrêt, relance économique après la pandémie : la crise énergétique qui frappe la France et l’Europe n’épargne pas les fournisseurs d’électricité verte. « Les prix de l’énergie ont explosé, ils atteignent 300 à 400 euros le mégawatt heure, contre 50 euros il y a un an », détaille Olivier Soufflot, directeur administratif et financier d’Enercoop, coopérative qui fournit de l’électricité à 105.000 clients. Cette hausse a « clairement un impact sur notre modèle économique, mais il est plus modéré que si nous étions totalement exposés au marché », se félicite néanmoins le dirigeant.
Fournisseur d’électricité verte, « 100% renouvelable et 0% d’origine nucléaire grâce à un approvisionnement en direct auprès de 300 producteurs répartis dans toute la France », la coopérative Enercoop créée en 2005 compte aujourd’hui 60.000 sociétaires : clients, producteurs, salariés, collectivités, partenaires et coopératives régionales, tous participent à la prise des décisions stratégiques de la coopérative.
Pour « protéger » son modèle économique, Enercoop a dû prendre plusieurs décisions ces derniers mois. D’abord, une augmentation de la grille tarifaire pour les nouveaux abonnés à la mi-octobre. Puis un blocage des nouvelles adhésions en décembre pour se concentrer d’abord sur ses clients habituels. Enfin, en avril prochain, une nouvelle hausse des tarifs est prévue pour l’ensemble des clients.
Gel des souscriptions, interrogations sur le tarif du nucléaire
« Nous n’avons pas de visibilité, il faut passer ce moment très compliqué de la guerre en Ukraine », ajoute Olivier Soufflot. D’ici là, aucune date n’est fixée pour rouvrir les abonnements aux nouveaux clients. Une liste d’attente a été mise en place pour rejoindre Enercoop« quand ce sera à nouveau possible », précise-t-il.
À terme, Enercoop entend être « totalement décorrélé du marché » et donc mieux maîtriser ses prix, en disposant de ses propres moyens de production et en construisant une stratégie d’approvisionnement sur le long terme. Pour l’aider à stabiliser ses prix de vente, Enercoop fera-t-il appel à l’Arenh (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique), un dispositif mis en place en 2010 qui permet à tous les concurrents d’EDF de bénéficier de la « rente du nucléaire » ?
Avec ce dispositif, le prix de l’électricité est stable depuis dix ans, à 42 euros le MWh. Soit un tarif six fois moins élevé que le prix du marché actuel ! Olivier Soufflot assure qu’Enercoop est le dernier fournisseur à ne pas y souscrire, mais il précise : « Nous allons lancer une réflexion sur l’Arenh, c’est une question qui doit être posée aux sociétaires pour l’année 2023 ».