Pas une semaine, pas même un jour sans que le terme « impact » ne sonne à nos oreilles. Car pour trouver du sens dans notre quotidien, quoi de mieux qu’avoir un impact positif dans chacun de nos actes ? Voici donc la nouvelle marotte du secteur financier, en marche vers un monde bientôt tourné tout entier vers « l’investissement à impact ».
Les anglo-saxons disent « impact investing » : investir oui, mais avec l’assurance que l’argent investi aura un effet positif sur la société, sur l’environnement, sur les populations précaires, sur la biodiversité ou encore sur le climat. Or, en la matière, la place financière de Paris a une longueur d’avance, elle qui a développé de longue date le concept de finance solidaire, puis de finance durable.
La semaine dernière, le Forum pour l’investissement responsable (FIR) et France Invest avaient déjà donné le coup d’envoi à cette mobilisation générale du secteur de la finance, révélant dans un guide le résultat de deux ans de travail entre des investisseurs du secteur coté comme du secteur non-coté, où l’impact ne se mesure pas de la même façon.
Hier, jeudi 25 mars, Bercy a lancé pour sa part une « initiative de place » sur la finance d’impact. Entendez par là un événement – en ligne – rassemblant les réseaux financiers les plus importants du pays, sous la houlette de l’association financière Finance for Tomorrow impulsée par Paris Europlace, autrement dit le gestionnaire de la bourse de Paris. Rien que ça ! A l’évidence, il y a de la compétition dans l’air…
Pour Sandra Bernard-Colinet, experte de la finance d’impact et auteure du rapport « Doter la France d’une culture commune de l’investissement à impact » destiné au gouvernement, cette « initiative de place » du jeudi 25 mars a permis de mettre le doigt sur la définition de l’investissement à impact, sur l’apport (« l’additionnalité ») des investisseurs à la démarche d’impact d’une entreprise dans laquelle ils investissent et, surtout, de pointer les difficultés à bien mesurer l’impact que l’on essaie d’obtenir.
Mais les acteurs de l’économie sociale et solidaire sont nettement précurseurs sur la mesure d’impact, relève aussi Sandra Bernard-Colinet dans cette interview vidéo à Mediatico. Lorsqu’ils cherchent à résoudre des difficultés non résolues par les pouvoirs publics ou par le secteur privé, lorsqu’ils cherchent à renforcer leur efficacité ou leur utilité sociale sur des territoires éloignés ou auprès de publics en difficulté, ils ont naturellement besoin de mesurer l’impact de leurs actions. Ils savent déjà mettre en place des indicateurs de mesure et ils auraient bien des connaissances en la matière à apporter au secteur financier, estime encore Sandra Bernard-Colinet.
Le gouvernement a profité de l’événement pour annoncer une réforme du label ISR, qui permet d’identifier les fonds dédiés à « l’investissement socialement responsable ». Hier novatrice sur le sujet, La France voit aujourd’hui la réglementation européenne évoluer en matière de finance durable. Elle se doit donc d’adapter, voire de régénérer, le vieux label ISR, mis en place voilà bien des années par Novethic et désormais piloté directement à Bercy.