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Florian Breton, l’homme qui cultive la finance participative agricole

Semer les graines d’une agriculture plus responsable, plus écologique et plus engagée : l’ambition de Florian Breton n’a rien de démesurée, elle a tout du raisonnable. Petit-fils de viticulteur, ce jeune entrepreneur bientôt quarantenaire a créé en 2014 la plateforme de financement participatif MiiMOSA. Dans ce portrait engagé accordé à Mediatico, il nous livre ses réflexions sur l’avenir agricole et son engagement au service d’une finance durable.

Avec un tel héritage familial, Florian Breton semblait prédestiné à travailler pour l’agriculture. Mais après le lycée, il quitte ses Pyrénées-Orientales et s’installe à Marseille, pour des études dans une école de commerce. À l’issue de sa formation, il travaille d’abord dans l’univers des médias… avant de tout arrêter. En 2014, changement de direction : il décide de créer MiiMOSA. La première plateforme de financement participatif en Europe entièrement vouée à l’agriculture naîtra en 2015.

MiiMosa : la réconciliation du consommateur et du producteur

Pourquoi a-t-il décidé de placer deux « i » dans le nom MiiMosa ? « Nous souhaitons rapprocher deux personnages, l’agriculteur et le consommateur, pour retisser des liens distancés depuis deux ou trois générations », argumente Florian Breton. Il est plein de gratitude envers son grand-père, lequel lui a transmis « l’humanité, l’éducation et l’amour de la terre, ainsi que la nécessité d’être reconnaissant envers les agriculteurs ». Surtout, il sait que la transition agricole se fera avec des consommateurs engagés, prêts à investir pour des projets concrets. En ce mois d’avril 2022, il est par exemple possible de financer une ruche d’abeilles en Meurthe-et-Moselle, un parc de panneaux photovoltaïques sur des bâtiments agricoles, ou encore une ferme verticale maraîchère en hydroponie dans l’Aisne.

Florian Breton rebondit aussi dans cette interview sur l’actualité : « Il est important de rappeler, avec la guerre en Ukraine ou la crise du Covid-19, combien l’enjeu agricole est important quand nous parlons de sécurité et de souveraineté alimentaire. Aujourd’hui, nous devons respecter les agriculteurs pour ce qu’ils sont ». Avec MiiMosa, il veut même transformer les agriculteurs en « ambassadeurs du climat et de l’alimentation ».

Il pense que « l’Europe n’a pas tenu ses promesses en matière d’agriculture, puisqu’elle a favorisé le dumping social entre États ». Mais le problème est plus large d’après Florian Breton. Il pointe aussi « les défauts d’une mondialisation non maîtrisée, qui se sert de l’agriculture comme une variable d’ajustement. Il ne faut pas négocier au rabais les conditions sociales de nos agriculteurs et de notre alimentation », assure-t-il. Les citoyens-consommateurs ont donc leur rôle à jouer.

MiiMOSA : 5.000 projets financés depuis 2015

Dès les premiers mois de MiiMosa, les initiatives foisonnent. En 2016, il crée la « Ferme Digitale», qui regroupe 80 membres de la “French AgriTech”. Il explique que 86 % des agriculteurs font usage d’internet, l’un des taux les plus élevés dans la population française.

Structuré dès l’origine pour travailler sur les questions d’impact social et environnemental, MiiMosa est certifiée B Corp depuis 2021. L’entreprise compte aujourd’hui 45 collaborateurs et a accompagné depuis sa création financièrement près de 5.000 projets. En 2022, l’objectif est de collecter 60 millions d’euros auprès des citoyens, soit trois fois mieux que les 18 millions d’euros de l’année 2020. Florian Breton en est convaincu : dans le bouquet des possibles, MiiMosa est l’une des tiges de la réussite pour une transition agricole.

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