Et si on profitait du plan de relance pour baisser la TVA et redonner du sens à l’économie ? Jusqu’ici, en France, le taux de TVA normal est de 20%. Il s’applique sur toutes les ventes de biens et de services. C’est simple, c’est clair, c’est l’Etat qui l’empoche. Sauf que ce taux n’est pas unique, il y a des exceptions : une TVA réduite à 5,5% existe par exemple pour les produits et les services de première nécessité, ou encore que l’État souhaite encourager. L’alimentation ou les travaux de rénovation énergétique, notamment, en bénéficient. Quand l’État le veut bien, l’enjeu social et l’enjeu climatique peuvent donc bénéficier d’un coup de pouce fiscal.
L’État devrait utiliser la TVA comme un outil de fiscalité écologique, plaide Hortense Harang, co-fondatrice de l’entreprise sociale Fleurs d’Ici, qui relocalise la production horticole en France, favorise les circuits courts, soutient la production artisanale et met en place un circuit logistique décarbonné pour les livraisons de fleurs. Saviez-vous que 9 fleurs sur 10 en France sont importées ? Et qu’un bouquet de 30 roses représente autant d’émissions de CO2 qu’un voyage Paris-Londres en avion ? Il est grand temps de changer tout ça !
« Le droit européen permet d’accorder une préférence locale ou régionale qui favorise les circuits courts »
Si l’on veut changer la façon dont les gens et les entreprises consomment, il faut une fiscalité moindre sur les produits qui sont plus vertueux sur le plan social et sur le plan écologique, affirme Hortense Harang. Dans cette interview vidéo accordée à Mediatico lors des Universités d’Été de l’Économie de Demain, elle ouvre ainsi la porte du soutien fiscal au titre de la préférence régionale.
« En droit européen, il n’est pas possible d’accorder une préférence nationale, explique-t-elle, mais on a le droit d’accorder une préférence locale ou régionale » dans les prises de décisions publiques. Voilà qui tombe bien : Fleurs d’Ici soutient l’horticulture française depuis le Pas-de-Calais jusqu’à l’Aquitaine, et en passant par la Provence… Pour elle, le plan de relance doit donc aller au-delà du soutien – indispensable – du gouvernement à l’économie française.
« Une entreprise dont le sens n’est pas clair aujourd’hui a des soucis à se faire »
Le Premier ministre promet que 25% du plan viendra aider les TPE-PME ? Elle applaudit, car les petits entreprises représentent l’essentiel de l’activité économique du pays. Mais cela ne suffit pas à Hortense Harang : elle attend des mesures incitatives pour les entreprises qui contribuent à la transition écologique. Ces entreprises qui sont, justement, les acteurs engagés de l’économie de demain.
Le confinement l’a montré, assure-t-elle : les gens ont pris conscience que leur carte bancaire est aussi importante que leur carte électorale. Or, les consommateurs nourrissent beaucoup d’attente sur ces enjeux : « Une entreprise dont le sens n’est pas clair aujourd’hui a des soucis à se faire ». C’est donc dans une fiscalité vraiment écologique que se joue, selon Hortense Harang, la transformation de notre économie, car voilà qui viendrait soutenir une consommation enfin plus vertueuse, à laquelle les Français ont montré qu’ils étaient de plus en plus sensibles.