ACTU

MEDIATICO – ACTU

Le Service civique fête ses 15 ans, non sans inquiétudes

C’est un succès incontestable. Une politique publique, portée à l’origine par des associations. Un dispositif emblématique de la France que nous envient bien des pays alentour. Oui, en mars 2025, le Service civique célèbre ses 15 ans ! Et pourtant, cet anniversaire a un petit goût amer.

Lancé en 2010, ce programme a permis à des centaines de milliers de jeunes de s’engager dans des missions de solidarité et d’écologie et, dans le même temps, de développer des compétences précieuses pour leur avenir. En quinze ans, plus de 850.000 missions ont été réalisées dans la culture, la jeunesse, la lutte contre la pauvreté et plus récemment dans l’écologie.

L’âge limite pour s’engager a été repoussé à 30 ans, permettant à un plus grand nombre de jeunes de bénéficier de cette expérience. Des milliers d’associations en France ont ainsi pu accueillir ces jeunes en quête d’une expérience et d’un engagement différent.

Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, souligne l’importance de ce modèle collectif et mixte, qui permet aux jeunes de sortir de leur zone de confort, de rencontrer des individus d’horizons différents, et de développer un regard nouveau sur le monde.

Unis-Cité : une locomotive en danger

Pourtant, malgré ces succès, le Service civique traverse une période de turbulences. Les associations qui le soutiennent ne cachent pas leur inquiétude, car le dispositif est menacé par une baisse des financements publics. Non seulement pour le dispositif lui-même, mais aussi pour l’association Unis-Cité, qui fait figure de locomotive du dispositif.

Pionnière du Service civique, Unis-Cité vient en effet de tirer la sonnette d’alarme : celle qui a inspiré le Service civique se trouve aujourd’hui dans une situation critique. La non-reconduction de plusieurs financements publics et la baisse des soutiens des collectivités territoriales menacent directement sa capacité d’accueil. 

Voilà qui pourrait compromettre son action auprès des jeunes, notamment les plus vulnérables, alors que l’association joue un rôle crucial en permettant à des jeunes de tous horizons de s’engager ensemble au service de l’intérêt général. A elle seule, Unis-Cité a donné à plus de 50.000 jeunes de toutes origines l’envie et le pouvoir d’agir au service des autres.

Des enjeux budgétaires préoccupants

Mais le budget de l’Etat alloué au Service civique n’est plus au rendez-vous. Fin janvier, le dispositif avait été gelé du jour au lendemain, sans prévenir ni les jeunes, ni les associations, dans l’attente d’un vote parlementaire sur le budget 2025.

La situation politique s’est débloquée fin février et 580 millions d’euros ont été prévus pour le Service civique dans le budget 2025. Mais cette somme est inférieure de 20 millions à celle de 2024. 

Cette diminution budgétaire affectera nécessairement soit le nombre de contrats signés, soit la durée moyenne des missions. Au final, c’est la valeur ajoutée du dispositif qui est remise en question. Mickaël Huet, délégué général du Mouvement associatif, se dit préoccupé quant à l’impact de ces restrictions budgétaires sur les jeunes et les associations. 

Un appel à mobilisation d’Unis-Cité

Face à ces défis, Unis-Cité lance un appel pour soutenir son modèle économique fragilisé, mais aussi un appel à la mobilisation de l’ensemble des associations, des pouvoirs publics et des partenaires financiers historiques, ainsi qu’à de nouveaux acteurs publics ou privés, pour soutenir le service civique dans son ensemble.

L’objectif est double. Préserver la dynamique d’engagement et de lien social insufflée par le Service civique, d’une part, pour permettre à des milliers de jeunes de continuer à s’engager chaque année. Mais aussi développer davantage le dispositif, d’autre part.

Car Unis-Cité continue de militer pour la création d’un Service Civique universel, qui serait accessible à tous les jeunes d’une classe d’âge. Cela obligerait à  financer la capacité à accueillir 700.000 jeunes chaque année, contre 150 000 aujourd’hui. Joli défi !

Selon l’Agence du service civique, 57% des direction des ressources humaines des entreprises voient le Service Civique comme un atout important pour la suite d’un parcours professionnel.

Partagez cet article :