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Mathilde Boulay, L’Ascenseur : « L’ascenseur social n’a jamais fonctionné en France » 

En France, à peine 10% des enfants d’ouvriers font des études supérieures. Les jeunes ruraux défavorisés sont deux fois moins nombreux à espérer décrocher une licence que les jeunes urbains favorisés. Un jeune dont le patronyme est à consonance maghrébine a seulement 38% de chances d’être rappelé par un recruteur. Égrenés par Mathilde Boulay, déléguée générale de L’Ascenseur, ces chiffres sont sans appel.

A la veille de l’ouverture de son événement « Génération Discriminée », mardi 5 mars au palais de la Porte-Dorée, qui se déroulera en présence de la Défenseure des droits Claire Hédon, le collectif associatif L’Ascenseur était invité par Mediatico dans « ESS On Air », l’émission qui parle de l’actualité au travers de l’économie sociale et solidaire.

Projet collectif né voilà cinq ans à l’initiative notamment de Mozaïk RH et de l’association Article 1, L’Ascenseur regroupe aujourd’hui 20 associations de toutes tailles, engagées sur le même thème de l’égalité des chances. « Nous accompagnons les jeunes défavorisés sur l’accès à l’éducation, à l’emploi, à l’entrepreneuriat, à la culture, au sport… », précise Mathilde Boulay, parce que « si l’ascenseur social a peut-être fonctionné voilà quelques décennies pour une poignée de personnes, c’est pour tout le monde qu’il devrait fonctionner ».

L’Ascenseur, 20 associations et 43.000 bénévoles

La force du collectif, c’est de permettre la multiplication de l’impact : « L’Ascenseur, c’est 20 associations, 300 collaborateurs, 43.000 bénévoles et un demi-million de jeunes accompagnés », détaille Mathilde Boulay. Voilà qui permet du partage d’expérience, de s’adresser à des publics différents, de compléter les programmes d’actions, de mailler le territoire, de répondre en consortium aux appels d’offres… Toujours dans un même objectif : « Faire avancer les politiques publiques dédiées à l’égalité des chances ». 

Même si beaucoup d’argent public semble avoir été consacré à cette cause depuis 2017 et l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, même si L’Ascenseur a choisi d’être dans le dialogue avec le gouvernement pour lui apporter des solutions d’innovation sociales, « il faut toujours batailler, auprès des institutions comme des entreprises » pour embarquer plus de monde sur le sujet.

Après « Génération Ascenseur », voici « Génération Discriminée »  

Ainsi, un projet « Génération Ascenseur » a vu le jour à destination des jeunes qui ont besoin d’un coup de pouce pour réaliser leurs ambitions. Formations, coaching, prise de parole, mise en réseau… 

Une réussite. Et forcément, des déclinaisons. A commencer par « Génération Engagée » en décembre dernier, projet portant sur l’engagement citoyen des jeunes, qui a réuni 150 jeunes de 16 à 24 ans venus présenter au CESE, en présence de Martin Hirsch, leurs propositions pour un avenir désirable. Autre déclinaison, « Génération Discriminée », ce mardi 5 mars, au palais de la Porte-Dorée à Paris, en présence cette fois de Claire Hédon, la Défenseure des droits.

Les inégalités créent du déterminisme social

Enfin, L’Ascenseur prépare aussi l’anniversaire de ses 5 ans, qui aura lieu le 5 décembre 2024 à Paris, journée mondiale de l’égalité des chances et journée mondiale du bénévolat. Objectif : célébrer ses réussites bien sûr, mais aussi prendre la mesure des défis à relever encore. 

Et exister dans l’agenda politique et médiatique, car « Il y a plus d’inégalités des chances que d’égalité des chances », relève Mathilde Boulay. « Ajouté à l’autocensure et à la discrimination, tout cela crée du déterminisme social et un sentiment d’injustice, de colère et de défiance, ce qui attise la montée des périls politiques ».


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