Qu’attendre de l’Europe, et donc pour qui voter dimanche prochain ? Voici les deux questions de la semaine, que se posent tous ceux… qui ont décidé de ne pas s’abstenir. L’offre politique est éparpillée, peu de voix constructives s’élèvent de la basse-cour, l’euro-bashing bat son plein, personne ne fait rêver. Pourtant, l’Europe est un projet désirable. Le seul sans doute qui vaille en ces temps de guerre, de crises et de montée des peurs, qu’elles soient sociales, identitaires ou climatiques.
A lui seul, le dérèglement climatique incarne tous nos combats. Les cataclysmes météo détruisent les personnes et les biens, paniquent les assureurs, détruisent les emplois, la production et la valeur économique. Dans le même temps, la pollution et la perte de biodiversité menacent l’équilibre des écosystèmes, l’accès à l’eau et la santé humaine. Et comme les incantations scientifiques succèdent à l’inaction politique, voilà les citoyens pris en étau entre leur incapacité à faire, faute de moyens, et leur obligation de subir, quel qu’en soit le coût social. En 2024, l’enjeu n’est plus la transition, mais la transition juste qui inclut aussi les plus démunis.
Alors, qui doit payer ? Tous les Européens, naturellement. Qui doit montrer l’exemple ? Les Etats et l’Europe, évidemment. Mais avec quels moyens financiers, quand on s’écharpe encore, cinq ans après le Pacte Vert européen, sur les conditions d’investissement dans la transition écologique, sur le « plus vert que moi tu meurs », ou sur l’ébauche d’une fiscalité commune, alors même que la maison brûle ? La seule solution, c’est la mutualisation.
Deux ONG ont scruté les programmes
La mutualisation des risques pour se protéger face aux aléas de l’avenir est aux fondements du mutualisme et du coopérativisme, les acteurs de l’économie sociale et solidaire ne le savent que trop. Et bien, en matière d’investissement, la mutualisation du financement s’appelle soit l’impôt, soit la dette. Il nous faut aujourd’hui un ISF en France et un impôt européen, c’est une évidence. Il nous faut aussi cesser de craindre l’endettement : s’il est réfléchi, maîtrisé et utile, l’endettement n’est pas un effondrement, mais un investissement pour l’avenir.
Alors, deux ONG ont scruté les programmes des candidats aux élections européennes, passant au crible les propositions et interrogeant les têtes de liste au regard de l’enjeu écologique et social. Le Réseau Action Climat décerne une note sur l’ambition de chaque liste pour le climat, au travers de multiples thématiques : emploi, nature, santé, agriculture, transports, énergie, industrie, finances, démocratie (voir les résultats ici). Quant au WWF, il a questionné 13 partis politiques dans 13 pays européens, dont seuls six en France ont répondu (voir les résultats).
Les conclusions de leurs travaux confirment ce que l’on sait des options politique : les partis progressistes, humanistes, jeunes et tournés vers l’avenir sont plus conscients des enjeux et plus ouverts au changement que les partis conservateurs, individualistes, vieillissants et traditionalistes. Mais cela ne fait pas une victoire de la gauche, loin de là. Car si les options politiques n’ont pas changé, les Français, eux, ont changé. Dans la tourmente, ils se sont durcis.