315 sièges. C’est le chiffre qui marque une avancée majeure pour l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES) : à compter de janvier 2026, l’organisation patronale représentative de l’économie sociale et solidaire sera présente dans 100 % des conseils de prud’hommes de métropole, soit 209 conseils sur 211, contre 106 précédemment. Cette hausse de plus de 70 % du nombre de sièges — une progression de 185 à 315 — fait de l’UDES la troisième organisation patronale française, derrière le Medef et la CPME, mais devant l’U2P.
Ce résultat sans précédent consolide la voix des employeurs de l’ESS dans les juridictions sociales et dans le dialogue social national. Et il arrive à point nommé, alors que les défaillances dans l’économie sociale et solidaire s’intensifient, mettant en péril désormais des milliers de structures.
Une légitimité renforcée dans les prud’hommes
Pour David Cluzeau, président de l’UDES, cette victoire est le fruit d’un « travail collectif, patient et engagé » pour faire entendre la spécificité des employeurs de l’ESS dans les instances paritaires.
« Ce n’est pas qu’un chiffre. C’est la reconnaissance d’un modèle d’employeur solidaire, responsable, socialement innovant, qui mérite sa pleine place dans le monde du travail », a-t-il déclaré.
Cette avancée est d’autant plus significative dans la section “Activités diverses”, où l’UDES atteint un niveau de représentation inédit. Les nouveaux sièges prud’homaux constituent un levier stratégique à un moment où les contentieux sociaux se multiplient dans l’ESS, conséquence directe de la fragilisation économique des structures.
Une ESS fragilisée, une cellule d’urgence à peine installée
La montée en puissance de l’UDES dans les conseils de prud’hommes intervient alors que les alertes se multiplient dans l’ESS : retards de paiement, suppressions de postes, arrêts d’activités, liquidations…
Le 1er juillet dernier, une cellule nationale de liaison sur les défaillances dans l’ESS a tenu sa première réunion à Bercy. Demandée de longue date par ESS France, l’UDES et le Mouvement associatif, elle doit coordonner les signaux d’alerte et organiser des réponses concrètes pour anticiper les risques de défaillance.
« Le curatif arrive souvent trop tard. Il faut anticiper, objectiver, accompagner. Et adapter les outils aux réalités de l’ESS », alertent ensemble les trois têtes de réseau.
Car si l’ESS représente 14 % de l’emploi privé en France, ses structures — notamment les associations employeuses — souffrent de modèles économiques hybrides, de trésoreries en tension, d’appels à projets mal calibrés, et de désengagements publics qui ne cessent de s’amplifier.
Trop souvent, elles doivent faire plus avec moins, sans visibilité pluriannuelle, et sans filet de sécurité en cas de difficulté.
« Près d’un tiers des associations employeuses disposent d’une trésorerie inférieure à trois mois, et 69 % estiment leurs fonds propres fragiles ou inexistants. À cela s’ajoute la baisse des financements publics, pouvant aller jusqu’à 45 % dans certains territoires », rappelait Michel Abhervé sur Alternatives Économiques, à l’issue de la première Conférence des financeurs de l’ESS, le 29 avril dernier.
Prud’hommes : une présence précieuse à l’heure de la tempête
Dans ce contexte, la représentation renforcée de l’UDES dans les conseils de prud’hommes devient un bouclier essentiel. Elle permettra d’accompagner les employeurs de l’ESS dans leurs contentieux, de faire entendre leurs spécificités dans les juridictions sociales, mais aussi de documenter la réalité sociale des difficultés rencontrées sur le terrain.
Ce succès politique et institutionnel donne aussi plus de poids au plaidoyer de l’UDES, d’ESS France et du Mouvement associatif, pour obtenir des politiques publiques à la hauteur des enjeux. Il s’agit d’un signal fort adressé à l’État, alors que les fragilités se transforment en crise systémique silencieuse.
« Ce résultat nous engage. Nous continuerons à défendre un dialogue social exigeant, ambitieux et porteur de sens », conclut David Cluzeau.
Si la période est critique pour les structures de l’ESS, l’entrée de l’UDES dans tous les conseils de prud’hommes envoie donc un message positif : celui d’une représentation mieux outillée, plus audible, et prête à se battre pour défendre un modèle d’emploi différent, qui place l’humain avant tout.


