Masque obligatoire pour les cinq salariés, gel hydro-alcoolique pour les usagers, capacité d’accueil réduite de 40% pour passer de 40 à 24 couverts sur le service du midi, mais fermeture totale sur le service du soir… Les indispensables mesures de protection sanitaire avaient été prises en bonne intelligence par Le Moulin à Café, ce café associatif du 14e arrondissement de Paris, créé en 2006 et géré par les habitants du quartier. Objectif : maintenir du mieux possible son activité économique et ses emplois, mais aussi sa mission première consistant à créer du lien social dans le quartier Pernety. Mais ça, c’était avant. Avant la recrudescence du coronavirus.
Car depuis le reconfinement, Le Moulin à Café s’adapte, non sans inconvénients. Son activité de restauration lui impose désormais la fermeture au public. Seule la vente à emporter est encore possible. “Lors du premier confinement, c’était l’inconnu, puis on nous a demandé d’apprendre à vivre avec le virus : aujourd’hui, nous savons comment gérer ce deuxième confinement avec nos usagers”, explique Thomas Aygalenc, responsable du Moulin à Café. La vente à emporter préserve tant bien que mal un peu de chiffre d’affaires, mais “ce n’est pas très rentable”, poursuit-il. Tant pis, concède-t-il, “un café associatif n’est pas fait pour être rentable, il sert d’abord à entretenir la solidarité”.
Au Moulin à Café aussi, le confinement souligne les inégalités face au numérique
Du côté des animations, finies les conférences, les concerts ou les ateliers pour enfants destinés à ses 1.000 adhérents. Seules de rares activités continuent en digital, comme les cours de langues étrangères, ou encore cette projection-débat en visioconférence sur la création de Coop14, le prochain supermarché citoyen du 14e arrondissement, qui ouvrira au printemps 2021 à la porte d’Orléans. Mais le digital a ses limites. “Notre public n’est pas toujours connecté, pas toujours bien équipé sur le plan numérique”, constate Thomas Aygalenc. Au Moulin à Café aussi, le confinement creuse ou tout au moins souligne les inégalités.
Plusieurs éléments viennent tout de même soulager le Moulin à Café, malgré l’adversité. Les aides de l’Etat d’abord, avec le recours au chômage partiel pour les salariés, l’aide du fonds de solidarité mis en place pour les indépendants, ainsi que le prêt garanti par l’Etat qui permet de voir venir… avant de le rembourser bientôt. Mais surtout, l’engagement des bénévoles fait chaud au coeur. Beaucoup sont du quartier. Certains viennent d’un peu plus loin. Tous remercient le café associatif de rester “au moins un peu ouvert” et lui apportent un soutien indispensable, depuis déjà 15 ans.