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MEDIATICO – EDITOS

L’avenir de l’Europe se joue au Luxembourg, pas en Grèce

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Par Frédéric VUILLOD,
Fondateur de MEDIATICO
(www.mediatico.fr)

Alors que le peuple grec vient de s’exprimer démocratiquement contre une nouvelle couche d’austérité étouffante, le Luxembourg, lui, vient de prendre au 1er juillet la présidence tournante de l’Union européenne. Durant les six prochains mois, c’est à lui que revient désormais la responsabilité de construire l’avenir de l’Europe. Que va-t-il en faire ?

« Le projet européen est un peu fatigué, il a besoin de nouvelles impulsions », déclarait, le 2 avril dernier, Nicolas Schmit, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire du Luxembourg, lors du forum Impact2 qui réunissait, à l’Hôtel de Ville de Paris, plus d’un millier de personnes sur le thème de « l’impact investing », cette nouvelle clé de financement du secteur de l’économie sociale et solidaire. Qu’à cela ne tienne, revigorons-le !

De la parole aux actes

Le Luxembourg passera-t-il de la parole aux actes ? Le cadre de travail pour sa présidence européenne porte à y croire : « Être à l’écoute des citoyens, soutenir les entreprises, coopérer pour agir dans l’intérêt européen ». Difficile de faire plus consensuel : associations, politiques, entrepreneurs, investisseurs… tous seront d’accord. Même la Grèce y trouvera sa légitimité démocratique.

Les sept priorités de la présidence luxembourgeoise sont heureusement plus précises :

  • Libérer l’investissement pour la croissance et l’emploi
  • Approfondir la dimension sociale européenne
  • Gérer la migration, allier libertés, justice et sécurité
  • Rendre sa dynamique au marché intérieur en misant sur le numérique
  • Inscrire la compétitivité européenne dans un cadre global et transparent
  • Promouvoir une démarche de développement durable
  • Renforcer la présence de l’Union européenne dans le monde

Parmi ces priorités, au moins quatre font écho à la fois aux propos du ministre luxembourgeois, aux enjeux de l’impact investing et aux espoirs des peuples européens :

  • mieux investir pour créer des emplois utiles sur nos territoires,
  • prioriser les enjeux sociaux face aux enjeux politiques ou financiers,
  • faire du numérique un outil de développement innovant et dynamique,
  • agir dans le souci du long terme pour préserver notre planète et notre humanité

Bravo. Vite, faites-le !
Hélas, ça bloque toujours un peu au même endroit : « Je vous invite à donner un signal fort à la Commission européenne, qui n’a pas encore découvert l’importance de l’économie sociale », déclarait le luxembourgeois Nicolas Schmit, en concluant le forum Impact2.

Un match luxembourgo-luxembourgeois

La Commission européenne ? Celle aujourd’hui présidée par un autre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui a fait hier la richesse de son pays en pariant sur les écarts de compétitivité fiscale intra-européenne ?

Rien ne servirait de jouer un match luxembourgo-luxembourgeois, celui de la Commission européenne contre le Conseil de l’UE : nul ne sait qui est Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg, quand tout le monde connaît le poids politique de Jean-Claude Juncker. Mais c’est bien au Luxembourg que se joue en partie aujourd’hui l’avenir de l’Europe.

Quelques bonnes idées

Alors soufflons-lui quelques bonnes idées. La création d’un poste de Commissaire européen à l’économie sociale et solidaire, qui aura le souci de l’emploi local et du rééquilibrage territorial. Un mécanisme fiscal européen incitatif pour l’impact investing, qui fera de la fiscalité un outil prospectif à long terme au lieu d’être un instrument compétitif à court terme. Ou encore un label « impact » pour certains placements financiers, afin d’orienter l’épargne des Européens vers des projets qui leur parlent vraiment et dont la dimension sociale sera garantie.

Plus que jamais en ce lendemain de référendum grec, l’Europe doit se détacher de l’arithmétique, élever son niveau de conscience et donner les impulsions nécessaires pour répondre aux aspirations démocratiques.

Seul, le Luxembourg ne peut rien.
Soudés, parfois, les peuples peuvent beaucoup.

Frédéric VUILLOD.

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