Voilà dix ans, L’Abeille prenait son envol dans leLot-et-Garonne. Rien à voir avec l’apiculture : nous parlons de L’Abeille, cette monnaie locale complémentaire (MLC) portée par l’association Agir pour le vivant, membre du mouvement Sol qui « accompagne les monnaies locales dans leur structuration et leur développement », détaille Charles Lesage, délégué général du mouvement Sol dans cette interview à Mediatico.
Désormais, 82 monnaies locales sont membres du mouvement Sol. La monnaie locale la plus importante en valeur et en nombre d’utilisateurs se situe au Pays Basque : environ 2,1 millions d’Euskos y circulent, soit près de la moitié du volume global de l’ensemble des monnaies locales en France !
Ces monnaies locales représentent 34.871 adhérents particuliers et 9.614 professionnels et associations. Leur développement a été constant, notamment depuis l’instauration d’un cadre juridique avec la loi ESS de 2014.
« Enjeu de citoyenneté »
Charles Lesage résume l’objectif d’utiliser une monnaie locale complémentaire : promouvoir et soutenir l’économie locale. Selon lui, « ce sont des monnaies que l’on ne peut dépenser que localement et qui ont un volet éthique, puisqu’elles ont une responsabilité environnementale et sociale ». En outre, l’utilisation des monnaies locales permet de réfléchir « sur les nouvelles formes de comptabilité, sur les nouvelles formes de richesses et sur les alternatives monétaires », précise le délégué général du mouvement.
Les monnaies locales créent en effet un cercle vertueux, où chaque euro dépensé sera à nouveau dépensé dans le territoire. Pour le consommateur final, c’est l’assurance que le producteur a utilisé des ressources locales pour produire le bien ou service proposé. Un « enjeu de citoyenneté », ajouteCharles Lesage, qui évoque la monnaie locale comme « un pilier du pouvoir d’agir citoyen ».
Avec leur fonctionnement démocratique, les monnaies locales impliquent par ailleurs fortement les usagers. « Aujourd’hui, 69 % des utilisateurs d’une monnaie locale disent mieux comprendre les liens entre l’économie et les enjeux sociaux-environnementaux », conclut Charles Lesage. Une économie locale et circulaire, un apprentissage sous forme d’éducation populaire, des circuits courts qui redonnent du sens… Il s’agit bien d’économie sociale et solidaire.