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« La fin des Contrats à impact social n’a pas été pensée »

3 questions à Marc Olivier
Directeur financier de l’ADIE, agence de microcrédit.
 
3 ans après la signature de votre Contrat à impact social, où en est l’ADIE ? 
 
C’est déjà une réussite. Notre programme « Micro-crédit accompagné, adapté à la ruralité » a permis à 300 personnes vivant en zones isolées de créer leur entreprise, alors que notre objectif était de 500 en 3 ans. Les bénéficiaires sont suivis par un référent pour avancer sur le côté juridique, administratif et commercial et nous leur octroyons des prêts d’un montant maximal de 10.000€. Nous avons ainsi permis la création de commerces de proximité, d’emplois en lien avec le tourisme, les services, le petit artisanat… 70% des projets visent la création ou l’aide au développement des entreprises, les 30% restants concernent le maintien ou le retour à l’emploi salarié, par l’achat d’un véhicule par exemple. Lancé en janvier 2017, le programme est effectif sur 3 territoires et prendra fin en avril 2019. Les premières mesures d’impact seront effectuées l’an prochain, auprès des personnes accompagnées en 2017.

Quels avantages le Contrat à impact social vous a-t-il apporté ? 

Notre défi était d’aller voir les gens chez eux ou sur leur lieu de travail, car jusque-là l’ADIE n’arrivait pas à toucher les porteurs de projet en zones rurales isolées. Pour développer notre ancrage sur le terrain, nous avions donc besoin de financements, que nous n’arrivions pas à trouver par les canaux classiques. Nous nous sommes donc tournés vers le Contrat à impact social, qui permet l’expérimentation. C’est idéal pour les projets innovants : les investisseurs prennent un risque que ne prendrait pas le payeur final. Cela permet de dépasser un point de blocage, même si la priorité reste le financement public via les subventions. En revanche, il faut être vigilant sur la rémunération des investisseurs : le but n’est pas de leur assurer des rendements importants. Les investisseurs dont nous sommes partenaires ne viennent pas chercher de la rentabilité, mais de l’impact.

Votre programme touche à sa fin, comment les choses s’organisent-elles ?
 
Le financement va s’arrêter en avril 2020. Le programme fonctionne, nous sommes en train de le démontrer. Et nous attendons avec impatience que les premières mesures d’impact viennent le confirmer. Mais nous n’avons pas de perspectives pour la suite : qui paiera demain pour la poursuite du dispositif ? Le but du Contrat à impact social est d’expérimenter une idée. Si elle fonctionne, il faut pouvoir la pérenniser, puis essaimer. Mais cette seconde phase du CIS n’a pas encore été pensée et nous n’avons aucune visibilité. Un groupe de travail lancé par Christophe Itier se penche en ce moment sur la complexité de l’entrée dans le dispositif, mais il me parait tout aussi important, voire urgent, d’organiser la sortie du Contrat à impact social.


Propos recueillis par
Hélène Corbie

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