À l’heure où s’ouvre le Mois de l’économie sociale et solidaire, Marie Floquet a réservé à Mediatico sa première interview en tant que nouvelle directrice générale de l’association Les Canaux, espace incontournable de l’économie circulaire et solidaire à Paris. Elle succède à Élisa Yavchitz, qui avait fondé l’association voilà huit ans avec le soutien de la Ville de Paris et qui continuera de contribuer aux réflexions stratégiques comme vice-présidente bénévole de l’association.
Alors que Les Canaux accompagnent chaque année 6.000 entreprises et associations engagées dans l’entrepreneuriat social ou écologique, Marie Floquet explique à Mediatico ce qui l’a convaincue de rejoindre Les Canaux : un projet de coopération locale capable de mobiliser entreprises, collectivités et associations pour « inventer un monde meilleur ». Depuis sa création en 2017, Les Canaux accueille également chaque année 50.000 visiteurs lors de conférences, petits-déjeuners et ateliers. « C’est une maison qui sensibilise et qui inspire », affirme-t-elle.
Un projet au cœur de l’économie engagée
Forte de cinq années passées à construire et déployer la stratégie à impact de Sinny & Ooko, un gestionnaire de plusieurs tiers-lieux parisiens tels que la Recyclerie ou la Cité Fertile, Marie Floquet estime que la transition écologique et sociale ne peut se faire sans une évaluation rigoureuse de l’impact des projets. « La mesure de l’impact est absolument clé pour identifier les actions qui produisent les effets les plus bénéfiques sur les territoires », souligne-t-elle dans notre interview. Si plusieurs indicateurs d’impact sont déjà en place aux Canaux, nul doute que Marie Floquet les saura les enrichir de son expertise pertinente et les mettre encore mieux en relief.
Également convaincue de l’importance des synergies locales, elle ambitionne en effet de faire des Canaux un pilier de l’économie circulaire pour toute l’Île-de-France, et pourquoi pas au-delà, avec le support de son équipe composée de 24 personnes. Dans la continuité du travail effectué jusqu’ici, Marie Floquet entend promouvoir Les Canaux comme un levier de transformation des modes de consommation et de production à Paris, mais aussi dans les territoires alentours. Elle s’appuiera pour cela sur des partenariats avec la Métropole du Grand Paris et avec la Chambre régionale de l’ESS (CRESS) d’Île-de-France.
Sa feuille de route : coopérer pour transformer
Pour sensibiliser le grand public, axe fort de l’engagement des Canaux depuis sa création, l’association continuera d’organiser le festival qui attire chaque été à Paris un public toujours plus nombreux. « Ce festival est devenu un moment essentiel pour les Canaux, et il incarne parfaitement notre mission : faire rayonner l’économie solidaire et circulaire auprès d’un public large. Pour la prochaine édition, nous comptons non seulement maintenir cet événement, mais aussi enrichir son programme pour toucher davantage de personnes, notamment les jeunes générations », rassure-t-elle. Avec de nouveaux ateliers pratiques, des démonstrations de savoir-faire artisanal durable, et le renforcement des espaces d’échange avec le public.
Après avoir oeuvré à l’accès aux marchés des Jeux Olympiques des petites structures de l’économie sociale et solidaire grâce à la plateforme ESS 2024, Les Canaux entendent poursuivre ce rôle d’accompagnement au-delà des JO 2024, en s’appuyant sur un savoir-faire développé durant plusieurs années qui permet aujourd’hui de faire collaborer efficacement des structures économiques publiques et privées qui n’ont ni la même taille, ni la même structure juridique, ni les mêmes réflexes économique. La plateforme ESS 2024, pièce maîtresse dans ce dispositif, sera conservée. Et bien entendu renommée… mais chut, son futur nom est encore secret.
Inspirer d’autres collectivités
Enfin, Les Canaux entendent faciliter l’accès des petites entreprises à des ressources de seconde main pour les engager davantage vers une économie durable : « Concrètement, cela signifie créer un réseau de partage et de réemploi de matériaux entre petites entreprises, artisans et collectivités locales, ce qui pourrait révolutionner la manière dont les ressources sont utilisées et réutilisées à Paris », estime Marie Floquet.
Les Canaux aimeraient même inspirer d’autres collectivités, voire d’autres villes à l’étranger, à faire de même : « Ce serait une véritable réussite si chaque grande ville pouvait créer son propre écosystème de réemploi et de collaboration économique ». Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour construire une économie plus juste et durable. « Les Canaux sont là pour vous accompagner dans cette voie », sourit Marie Floquet.
