Sonia Ben Ali a eu le déclic au cours d’un échange universitaire en Colombie. « A force d’entendre parler de la douleur de l’exil et du déracinement, quelque chose a résonné en moi« , confie-t-elle à la caméra de Mediatico. Son engagement auprès des personnes déplacées à cause du conflit armé la ramène à sa propre histoire : son père, lui aussi, avait quitté très jeune la Tunisie. Sonia s’engage rapidement auprès des réfugiés. Et cela, dans différents pays. Mais, peu à peu, le travail de terrain des ONG lui parait inadapté : « Au lieu de faire »pour », il faut faire »avec » et redonner une place aux solutions que les réfugiés développent eux-mêmes« , affirme-t-elle. En 2012, c’est décidé : Sonia Ben Ali co-fonde l’ONG Urban Refugees avec David Delvalle.
« Le système humanitaire commence à prendre conscience de la nature urbaine des déplacements forcés de populations », développe-t-elle. En effet : la majorité des réfugiés ne vivent pas dans les camps, mais dans les villes. Ils nourrissent l’espoir de se reconstruire par eux-mêmes, de ne surtout pas devenir « des assistés ». Pour Sonia, il ne faut pas inventer des solutions pour les réfugiés mais soutenir leurs initiatives. Exemple, à Kuala Lumpur : une dizaine d’Afghans se sont réunis pour permettre à leurs enfants d’avoir accès à l’éducation. Au sein de leur communauté, ils ont cherché des personnes ayant les compétences requises. Puis se sont cotisés pour louer un local, offrant ainsi à leurs enfants un accès à la connaissance. « Pour nous, c’est là le futur des réponses humanitaires », affirme Sonia Ben Ali, qui fait désormais partie des Fellows Ashoka au sein de ce réseau international d’entrepreneurs sociaux.