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Élections régionales : querelle de chiffres sur le bilan ESS de la Région Ile-de-France

On peut vraiment faire dire aux chiffres ce que l’on veut. Par exemple, savez-vous qu’entre 2011 et 2017 les régions françaises ont augmenté de 25% leurs financements au secteur associatif ? Ô joie ! Pourtant, elles ne contribuent encore aujourd’hui qu’à hauteur de 4% des recettes de nos associations si essentielles à la vie des territoires, selon le magazine Association Mode d’Emploi. Tristesse ! Ainsi donc, méfions-nous des chiffres et de leur signification. Surtout lorsqu’ils sont assénés avec force par des hommes ou des femmes politiques en pleine campagne électorale.

A l’occasion des prochaines élections régionales, cinq candidats sont venus débattre sur le plateau de Mediatico à l’invitation de la CRESS Ile-de-France, chez notre partenaire ESSpace*. Nous souhaitions les entendre sur leurs projets de développement de l’économie sociale et solidaire en Ile-de-France, au travers de plusieurs axes : la culture, la transition écologique, les tiers-lieux, l’emploi, ou encore la place de l’ESS dans la gouvernance de la région. Vous savez quoi ? La querelle de chiffres n’a pas tardé, sur l’emploi comme sur le budget régional.

Valérie Pécresse, présidente sortante, s’est faite représenter par Alexandra Dublanche, qui insiste sur l’augmentation massive du budget affecté à l’ESS. A l’inverse, tête de liste écologiste, Julien Bayou dénonce une réduction drastique du même budget. A gauche, Clémentine Autain se dit clairement « agacée » par les choix budgétaires de l’exécutif sortant. Mais qui croire, lorsque l’orientation politique, donc les bases du calcul, ne sont pas identiques ? Ou quand la présentation budgétaire (voir ici le budget primitif 2021 de la Région) est si complexe que Mediatico n’y retrouve pas ses petits ? A tout le moins, nous observons dans ce document budgétaire que le mot écologie apparaît 1 fois, quand celui d’environnement apparaît 119 fois. A l’évidence, l’orientation politique diverge. Or, les mots disent l’essentiel d’une orientation stratégique. Ils servent précisément à cela.

Pour y voir plus clair entre les candidats, il nous faut du concret. Or, pendant la crise, les efforts conséquents de la Région n’ont pas empêché de fortes déceptions dans l’ESS. Par exemple, lorsque les aides face au Covid du fonds de solidarité régional étaient présentées comme « complémentaires » au fonds de solidarité national, privant plusieurs structures de l’ESS d’une solution de recours. Ou lorsque les cafés et restaurants associatifs n’ont pas pu demander l’aide aux loyers de 1.000€ accordée aux bars et restaurants, parce que leur numéro d’identification Insee ne relève pas du secteur de la restauration mais du champ associatif. Une illustration parmi d’autres des fameux trous dans la raquette, s’il en fallait.

Concrètement donc, sur quoi attend-on les exécutifs régionaux ? Sur l’emploi, bien sûr. Les régions ont en effet pour principale attribution le développement économique de leur territoire : alors, combien d’emplois dans l’ESS ? A ce jour, seules six régions soutiennent l’emploi associatif. Dans le Centre-Val-de-Loire, par exemple, le dispositif Cap’Asso a permis de créer ou de consolider 3.000 emplois en quinze ans. En Ile-de-France, c’est l’inverse : lorsque Valérie Pécresse a supprimé les Emplois Tremplins financés par la région en 2015, 3.850 salariés travaillaient sous ce dispositif en Ile-de-France, selon la CRESS Ile-de-France.

Dès lors, la proposition de l’UDES de créer 25.000 « emplois boost » pour les jeunes de 18 à 30 ans, sur fonds régionaux exclusifs, était une question particulièrement intéressante posée aux candidats. Laurent Saint-Martin, tête de liste de la majorité présidentielle, soutient prudemment la proposition. Audrey Pulvar, soutien d’Anne Hidalgo, botte en touche et axe sa réponse sur les besoins des jeunes en matière de formation. Alexandra Dublanche assume pour sa part la suppression des emplois aidés sur fonds publics, tandis que Julien Bayou et Clémentine Autain applaudissent la proposition de l’UDES, qui représente les employeurs de l’économie sociale.

Pour finir, la CRESS Ile-de-France a remis 11 propositions aux cinq candidats, dont une très symbolique : la nomination d’un.e vice-président.e en charge de l’ESS à la tête de la région Ile-de-France. Proposition acceptée devant les caméras de Mediatico par Audrey Pulvar, Julien Bayou et Laurent Saint-Martin, mais pas par Alexandra Dublanche.

Un débat vidéo à retrouver ci-dessus !


* Le Rassemblement National n’a pas été invité à ce débat. Pour Mediatico, la CRESS Ile-de-France et ESSpace, l’ESS repose sur des dynamiques citoyennes et solidaires qui ne sont pas celles du RN.


Les plaidoyers des réseaux de l’ESS

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