Clap de fin : le tiers-lieu solidaire Les Amarres met les voiles

Par

–

20 juin 2025

Après presque quatre ans d’occupation temporaire, Les Amarres, tiers-lieu emblématique du 13ᵉ arrondissement de Paris, s’apprête à fermer définitivement ses portes le 5 juillet 2025. Ce lieu hors-norme, à la fois refuge pour les plus vulnérables et espace festif engagé, tire sa révérence dans une ambiance de célébration, à l’image de son esprit généreux et chaleureux.

Une aventure sociale et solidaire

Installé dans les anciens locaux des Ports autonomes de Paris, situé sur les rives de la Seine presque devant les fenêtres du ministre de l’Économie, Les Amarres avait tout pour rappeler l’expérience marquante des Grands Voisins dans le 14ᵉ arrondissement. Porté par l’Association Aurore et Yes We Camp, le projet mêle accompagnement social, convivialité et programmation culturelle engagée. En journée, ce lieu accueille chaque semaine plus de 300 personnes en situation de précarité – hommes, femmes, enfants – qui y trouvent écoute, soins, repas, accompagnement juridique ou social, ainsi qu’un moment de répit dans un quotidien souvent rude.

Les Amarres ne sont pas qu’un centre d’accueil : c’est aussi une buvette solidaire, des concerts, des rencontres citoyennes, des marchés de créateurs, des soirées queer, des conférences engagées, des ateliers, et des fêtes qui rassemblent, dans un esprit d’hospitalité radicale et de justice sociale.

Une fin en fanfare

Pour tirer sa révérence, Les Amarres ne font pas les choses à moitié : durant tout le mois de juin, les événements s’enchaînent à un rythme effréné. Chaque jour ou presque, un dernier hommage vivant à ce que ce lieu a su incarner. Parmi les moments forts de cette dernière programmation :

Fête des colocs, DJ sets et karaoké pour fêter quatre années de travail collectif ;
Débats sur les migrations et les dérives sécuritaires, proposés notamment par Les Amis du Monde Diplomatique ou Human Rights Observers ;
Concerts brésiliens et cabarets queer, comme le Cabaret Gandaia ou Le Cabaret de Nulle Part ;
Cinéma engagé, avec des projections sur les révoltes de prisonniers ou des courts-métrages iraniens ;
Marchés de créateur·ices, pour une dernière touche artisanale et locale ;
Humour et écologie, avec le Greenwashing Comedy Club ;
Osmose Festival, véritable fusion entre arts étudiants, musique et solidarité.

Et bien sûr, des soirées club, des apéros en langue des signes, de la musique live jusqu’à tard dans la nuit… Le tout en accès libre ou « à prix conscient ».

Un lieu qui laisse une empreinte… Et après ?

Le site des Amarres accueillera bientôt un hôtel logistique fluvial décarboné. Un changement d’usage qui s’inscrit dans la volonté de verdir la logistique urbaine, mais qui laisse un vide dans le paysage parisien des tiers-lieux sociaux et culturels. L’Association Aurore assure que les personnes jusque-là accueillies seront prises en charge dans d’autres dispositifs. Mais pour beaucoup d’habitués, l’émotion est là.

Les Amarres ont incarné une expérimentation rare, où le soin, la culture et l’engagement citoyen cohabitaient au quotidien. En plein Paris, c’était un espace de respiration, d’échanges improbables, de soirées improvisées, de luttes affirmées, de chaleur humaine. Un lieu où les frontières sociales s’estompaient un peu, le temps d’un café, d’un concert, ou d’un débat.

Le 5 juillet, quand les lumières s’éteindront une dernière fois sur la péniche, c’est toute une communauté qui leur dira merci.

🎉 Infos pratiques :