Le chômage remonte en flèche, mais l’ESS fait encore preuve de résistance. Tous les signaux sont en effet au rouge sur le marché de l’emploi national : le niveau de chômage général, le chômage des jeunes en particulier, les plans sociaux, les faillites d’entreprises… Selon la Dares, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail a augmenté de 3,9% au quatrième trimestre 2024 et la tendance pourrait empirer en 2025. Mauvaise nouvelle donc. L’ESS, pourtant, semble pour le moment quelque peu préservée.

Les chiffres de l’emploi dans l’économie sociale et solidaire ne sont pas aussi rapides à remonter, mais il est possible de comparer les chiffres du premier semestre et d’extrapoler la tendance sur l’année. Ainsi, au premier semestre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi au niveau national avait augmenté de 8.000 à fin juin, cessant de reculer pour témoigner d’un ralentissement général du marché de l’emploi, en dépit de l’effet JO 2024.

Dans le même temps, l’économie sociale et solidaire a confirmé son dynamisme avec une hausse significative de l’emploi au premier semestre 2024. Selon la note de conjoncture publiée par l’Observatoire national de l’ESS (ONESS) en partenariat avec la Caisse d’Épargne, le secteur avait en effet enregistré une croissance de 1,4 %, soit un solde net de 31.257 nouveaux emplois.

Une progression deux fois supérieure aux tendances passées

L’augmentation de l’emploi dans l’ESS au premier semestre 2024 est deux fois plus rapide que la moyenne observée ces dix dernières années. Avec 2,7 millions de salariés répartis dans 152 000 structures, l’ESS représente actuellement 13,7 % des emplois salariés du secteur privé en France.

Le nombre d’établissements employeurs dans l’ESS reste globalement stable, avec une légère diminution de -0,1 %. Les fondations tirent leur épingle du jeu avec une progression de +2,4 %, notamment grâce à leur développement dans le secteur sanitaire et social. Quant aux mutuelles, elles enregistrent la plus forte croissance en matière de postes créés (+2,7 %), suivies par les coopératives (+1,9 %) et les associations (+1 %). Sans surprise, les structures de l’ESS les mieux dotées financièrement créent le plus d’emploi.

Les arts & spectacles et la santé en tête des secteurs porteurs

Certains domaines en particulier se démarquent par de fortes créations d’emplois. Le secteur des arts & spectacles affiche une croissance de +7,7 %, soit 3 888 nouveaux postes, tandis que la santé progresse de +4,3 %, avec 8 887 emplois supplémentaires. L’hébergement social et médico-social, notamment les établissements dédiés aux personnes âgées et aux enfants en difficulté, participe également à cette dynamique positive.

Enfin, les évolutions de l’emploi dans l’ESS varient fortement selon les régions. Si la Corse affiche la plus forte croissance (+2,7 %), le Grand Est reste en retrait avec seulement +0,2 %. L’Île-de-France, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes se distinguent par une hausse importante du nombre d’emplois, tandis que la Bretagne, la Normandie et les Pays de la Loire connaissent une progression plus modérée.

Une reconnaissance du rôle central de l’ESS

Malgré cette bonne dynamique, la hausse des salaires (+2,1 % sur un an) reste toutefois inférieure à l’inflation (+2,2 %), mettant en lumière les défis financiers auxquels font face ces structures.

Par ailleurs, ces bons résultats du premier semestre n’augurent pas à coup sûr  d’une poursuite des créations d’emploi dans l’ESS sur le second semestre, dont les chiffres ne nous sont pas encore parvenus, même s’ils témoignent d’une résilience très nette de l’économie sociale et solidaire, déjà observée à maintes reprises par le passé. 

Commentant ces résultats, Benoît Hamon, président d’ESS France, a d’ailleurs souligné la vitalité du secteur : « Les chiffres révélés par l’Observatoire national de l’ESS témoignent de la résilience et de la vitalité des modèles économiques de l’ESS. Avec une croissance de l’emploi deux fois supérieure à celle de la décennie passée, l’économie sociale et solidaire démontre sa capacité à répondre aux besoins sociaux tout en créant des emplois durables et de qualité. Nous devons continuer à soutenir cette dynamique positive par des politiques publiques adaptées. »