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Simplification économique : ils veulent même simplifier l’économie sociale et solidaire !

Et si l’on supprimait l’ESS ? Cela commence à devenir un serpent de mer depuis le début de l’année, et toujours au prétexte de résoudre les enjeux budgétaires de l’Etat. Vous connaissez la maxime sécuritaire : « Un train peut en cacher un autre » ! 

Derrière son train de mesures de simplifications administratives, censé rendre la vie plus facile aux entreprises notamment en période de crise, le « projet de loi de simplification économique », discuté en octobre par les députés, revient le 8 avril en discussion au Sénat. L’occasion de raviver un débat houleux. Car, simplifier certes, mais jusqu’où et à quel prix ?

Les propositions du parti Les Républicains

Voilà donc que Les Républicains profitent du débat parlementaire pour raviver leur demande de supprimer différentes structures représentatives de l’économie sociale et solidaire (ESS). Parmi les mesures proposées, certaines visent – encore – à supprimer des agences publiques ou parapubliques qu’ils jugent inutiles. Et ce nouveau coup de boutoir soulève bien des questions sur l’avenir non seulement de l’ESS, mais de l’ensemble de la société.

Par méconnaissance, ou plutôt par idéologie, les attaques sont violentes contre les structures représentatives de l’économie sociale et solidaire. Pourtant, cette famille d’acteurs économiques engagés pour l’intérêt général joue un rôle clé dans la cohésion sociale du pays, dans la réparation des effets pervers du capitalisme, dans la préoccupation et le soin accordés à autrui, dans l’invention de solutions face aux nouveaux défis de notre temps… C’est peut-être justement ce qui les gêne.

Les têtes de réseau de l’ESS, un obstacle ?

Définie par la loi de 2014, à une époque où la majorité politique était différente, l’économie sociale et solidaire regroupe officiellement des entreprises et des organisations qui poursuivent un objectif d’utilité sociale et environnementale. Cette famille économique est composée de coopératives, de mutuelles, d’associations, de fondations et d’entreprises sociales, qui luttent chacune à leur façon contre les inégalités et pour une économie plus juste.

Mais voilà Les Républicains, par la voix de leurs représentants au Sénat, qui proposent de supprimer ESS France, le Conseil supérieur de l’ESS (qui a jusqu’ici survécu avec l’appui de la ministre en titre), ou encore les Chambres régionales de l’ESS, véritables alter-égo des CCI qui règnent sur l’économie classique. Pourquoi donc ? Les têtes de réseau de l’ESS constituent-elles à ce point des obstacles à la simplification administrative, à la fluidité économique ou à l’équilibre des finances publiques ? Il suffit !

La réaction de Benoît Hamon, président d’ESS France

Benoît Hamon, président d’ESS France, a réagi fortement, comme il se doit, face à cette nouvelle tentative de supprimer les espaces de représentation et de dialogue qui sont essentiels à l’ESS. Selon lui, leur suppression ne simplifierait pas la vie des structures de l’ESS, mais au contraire les fragiliserait bien davantage. Peut-être est-ce justement ce que cherchent les attaquants, qui s’en prennent déjà allègrement, dans les régions qu’ils pilotent, au secteur culturel, à l’insertion pour l’emploi ou à l’éducation populaire.

L’ESS représente 200.000 établissements et 2,6 millions d’emplois, rappelle Benoît Hamon. Elle joue un rôle indispensable pour la cohésion sociale, les protections collectives, l’innovation sociale et la transformation durable de l’économie. Il appelle à cesser les attaques contre ce secteur et à reconnaître la valeur de la diversité économique et de la société civile organisée.

Matignon et Bercy vont-ils laisser faire ?

Car entre les impératifs de simplification administrative et la nécessité de préserver la cohésion sociale, le débat n’est pas permis. L’économie sociale et solidaire existe précisément pour que les injonctions budgétaires ou financières ne prennent plus le pas sur les êtres humains. 

Ces attaques n’ont pas de légitimité. Elles ne cessent pourtant de se multiplier. Et cela, sans que le gouvernement n’intervienne dans le débat. Matignon et Bercy vont-ils laisser faire, alors qu’ils pourraient d’un mot légitimer l’ESS et siffler la fin de la récréation ?

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