C’est avec une pointe de tristesse sous la plume, qu’Elise Depecker, directrice d’ATIS et présidente de Pépites, a annoncé la semaine dernière sur les réseaux sociaux la mise en sommeil de la Foncière Solidaire Nouvelle-Aquitaine. Cette décision marque la fin d’un projet ambitieux visant à offrir une approche alternative de l’accès au foncier et à l’immobilier pour les organisations de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS).

Un projet innovant soutenu par la communauté

La Foncière Solidaire Nouvelle-Aquitaine avait pour objectif de structurer une foncière locale par et pour l’ESS, avec le soutien des collectivités et des acteurs de l’immobilier. L’initiative, portée par une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), visait à redonner du pouvoir d’agir à un écosystème souvent écarté des logiques d’aménagement et du marché immobilier.

De nombreuses organisations ont fait confiance à la Foncière Solidaire, et plusieurs projets immobiliers avaient été initiés. Malgré l’arrêt des activités, l’espoir demeure que certains de ces projets puissent être poursuivis. Elise Depecker a tenu à remercier chaleureusement tous les partenaires, les territoires et les organisations de l’ESS qui ont cru en ce projet et les ont accompagnés dans cette aventure.

Une décision difficile face à des défis financiers

La décision de mettre en sommeil la Foncière Solidaire intervient après l’annonce de Bordeaux Métropole qu’elle ne pourrait finalement pas investir dans la capitalisation de la Foncière. Sans cet investissement crucial, il n’était plus possible d’engager la levée de fonds nécessaire à la poursuite des activités d’acquisition foncière, ni de maintenir les missions d’observation et d’accompagnement.

La CRESS Nouvelle-Aquitaine a fait savoir sa forte déception, soulignant l’importance cruciale du modèle des foncières solidaires pour le développement des organisations de l’ESS. La CRESS a salué le travail du collectif, en particulier Julie Broner et Marjorie Guimon, pour avoir rendu ces enjeux visibles et incontournables.

Réactions et perspectives

Plusieurs autres voix se sont élevées pour exprimer leurs regrets, notamment en comparaison avec des initiatives similaires réussies ailleurs, comme à Nantes, où une foncière immobilière dédiée à l’ESS a été créée le 13 décembre dernier. Dans le Nord, des projets similaires sont également en cours, et les acteurs locaux s’interrogent sur les raisons de cet arrêt à Bordeaux.

Le désengagement des collectivités dans l’ESS commence hélas à produire des effets négatifs et nombreux sont ceux qui craignent que ce ne soit que le début. Heureusement, l’écosystème de l’ESS dispose d’une forte capacité à coopérer pour surmonter les obstacles.

Mais le besoin d’espaces adaptés et abordables reste criant. Les acteurs de l’ESS devront trouver de nouvelles solutions pour poursuivre leurs activités et contribuer au développement durable de la région.