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Ces Régions qui soutiennent encore l’économie sociale et solidaire

Ça y est, les premiers licenciements sont actés. Dans l’économie sociale et solidaire, dix semaines après le vote des coupes budgétaires drastiques en Région Pays-de-la-Loire (lire notre article), l’impact pour le secteur culturel est tranchant. « Sur nos 24 salariés, nous sommes en train d’en licencier 10 », explique Olivier Dronne. L’administrateur du pôle Arts visuels de la région va perdre 42% de ses effectifs. Les voies de recours sont épuisées, il n’a plus qu’une chose à faire : alerter l’opinion. La semaine dernière au Mans, le Forum des métiers de la culture lui a servi de tribune (lire ici).

Pourquoi est-ce grave ? Parce que l’ESS va bien au-delà d’une stratégie économique de développement territorial. Au Mans, justement, le maire Stéphane Le Foll explique que « dans un contexte de populisme, la culture n’est pas un sujet qu’il faut prendre à la légère : si aujourd’hui il faut parler culture, c’est pour défendre la démocratie ». 

Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif indique pour sa part que 489 associations ont fait l’objet d’une liquidation judiciaire en 2024, soit +50% en deux ans, et que 93 liquidations ont déjà eu lieu depuis le 1er janvier 2025. Or, « s’en prendre aux associations, c’est s’en prendre à la société tout entière », explique-t-elle sur le site du Pacte du pouvoir de vivre (lire son billet). 

Ainsi donc, un effet boule de neige se prépare. La Direction régionale des affaires culturelles en Pays-de-la-Loire estime que « 67 % des associations ont recours à des stratégies de maîtrise des coûts », diminuant actuellement leurs charges de fonctionnement ou arrêtant certains projets. Le « plan social à bas bruit » tant redouté est en marche, comme nous le disait en février David Cluzeau, président de l’UDES, syndicat des employeurs de l’ESS (voir notre interview vidéo avec David Cluzeau). 

Enquête sur la santé financière des associations : dernier jour !

Bien sûr, les associations les plus petites, régionales ou locales, souffriront en premier. A cet égard, l’enquête sur la santé financière de nos associations est capitale. Non seulement pour faire remonter des données chiffrées aux têtes de réseau nationales. Mais aussi pour sentir le pouls du pays, recueillir les incompréhensions et écouter l’indicible, afin de transformer ces réponses en arguments de plaidoyer politique. Aujourd’hui est le dernier jour de cette enquête : répondez-y !

Les temps sont particulièrement durs dans certains régions comme Pays-de-la-Loire, Grand Est ou Auvergne-Rhône-Alpes, qui a suscité la colère en voulant supprimer 1,7 million d’euros de crédits dédiés à l’économie sociale et solidaire (lire notre article). En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le président de la Chambre régionale de l’ESS, Denis Philippe s’inquiète et n’hésite pas à affirmer que « les CRESS peuvent disparaître ». Et cela, même dix ans après la Loi ESS de 2014 qui avait renforcé leurs attributions, pour en faire des équivalentes des Chambres de commerce et de l’industrie.

Pourtant, « toutes les régions considèrent l’ESS comme inhérente à leurs politiques économiques », écrivait encore le mois dernier Régions de France, en révélant les chiffres de sa dernière enquête : en 2023, avant la crise budgétaire, les Régions investissaient 1,2 milliard d’euros pour financer l’ESS. En aides directes (138 M€), au travers de politiques régionales sectorielles, notamment culturelles et sportives (758 M€), ou par le levier des achats publics auprès d’entreprises de l’ESS (319 M€). Découvrez ici les chiffres clés de l’enquête. Mais ça, c’était 2023 !

Ces Régions qui soutiennent encore l’ESS

Heureusement, plusieurs collectivités confirment à l’inverse leur soutien à l’ESS. Rares sont celles qui communiquent, il est vrai. Mais à La Réunion, par exemple, le soutien est total. Face à une situation économique fortement dégradée, les autorités veulent au contraire amplifier l’accompagnement des acteurs de l’ESS et « soutenir de manière encore plus vigoureuse l’émergence de modèles coopératifs et de structures de l’insertion par l’activité économique », relève Michel Abhervé chez Alternatives Économiques (lire ici).

En Région Ile-de-France, la vice-présidente Sylvie Mariaud vient de dresser son bilan de mi-mandat. « En 2025, il a fallu faire des choix budgétaires », reconnaît-elle, car la rigueur imposée par Bercy s’est traduite par une baisse de 320 millions d’euros des dotations de l’Etat. Mais la région pilotée par Valérie Pécresse a néanmoins choisi de maintenir ses budgets d’investissement à l’ESS et de ne réduire qu’à la marge ses crédits de fonctionnement, assure Sylvie Mariaud, dans son interview à Mediatico (voir notre interview vidéo avec Sylvie Mariaud).

Le Centre-Val-de-Loire veut transformer toute son économie régionale

Enfin, dans la Région Centre-Val-de-Loire, le président François Bonneau a déploré jeudi dernier en séance plénière un manque de ressources de 50 millions d’euros dans son budget 2025. Mais « pas question de céder à la sinistrose », a-t-il affirmé, préférant « mobiliser les énergies, accompagner les entreprises, impulser des outils de redémarrage » et soutenir « la solidarité indispensable en ce moment, car les situations des personnes fragiles le sont plus encore ». Des solidarités mises en oeuvre par les acteurs régionaux de l’ESS, naturellement.

Le Centre-Val-de-Loire adoptait d’ailleurs le même jour sa nouvelle Stratégie régionale de l’ESS 2025-2030, issue d’une concertation, jugée exemplaire par le CESER, menée l’an dernier avec 8.700 établissements employeurs, 57.000 associations régionales, 84 fondations et 139 tiers-lieux. Outre le renforcement d’outils financiers ou d’ingénierie dédiés à l’ESS, la Région a décidé de doubler le nombre de salariés engagés dans des coopératives de la région, pour les porter à 2.800 d’ici à 2030. L’objectif est de « participer à la transformation du tissu économique régional et engager toute l’économie », en s’appuyant sur les forces de l’ESS (lire ici).

Mediatico va mettre en avant les plus beaux partenariats Entreprises / ESS

Chez Mediatico aussi, nous croyons que les temps d’adversité qui s’annoncent appellent des réponses différentes, toujours fondées sur les coopérations à l’oeuvre dans l’ESS, mais aussi sur les partenariats et les formes d’hybridation qui relient les entreprises et les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Il en découlera de nouveaux modèles de financement, de gouvernance et de synergies opérationnelles, dont tous les acteurs économiques ont aujourd’hui besoin pour garder la tête hors de l’eau et continuer de voir loin.

Pour cette raison, Mediatico lancera au printemps une nouvelle émission destinée à mettre en avant les plus beaux partenariats Entreprises / ESS, ceux qui ont un impact réellement positif sur nos territoires, au niveau régional comme au niveau national. Vous voulez participer ? Témoigner de vos partenariats ? Restons connectés, écrivez-moi ici !

PLF 2025 : impact régional sur les emplois de l’ESS (source : UDES)

RégionsNombre d’emploismenacés dans l’ESS
Auvergne-Rhône-Alpes23 500
Bourgogne-Franche-Comté5 000 
Bretagne12 000 
Centre-Val de Loire6 500
Corse500
Grand-Est15 500
Guadeloupe500
Guyane500
Hauts-de-France16 000
Ile-de-France32 000
La Réunion2 000
Martinique1 000
Normandie9 000
Nouvelle-Aquitaine17 500
Occitanie16 500
Pays-de-la-Loire13 000
Provence-Alpes-Côte d’Azur12 000
Total France186 000
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