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Entreprises ESUS : Le Mouvess réclame une place au sein d’ESS France

A la veille du second tour des législatives anticipées, les entreprises sociales prennent position à leur tour dans le débat public et politique. Tout nouveau co-président du Mouvement des entreprises écologiques, sociales et solidaires (Mouvess) qui était né l’été dernier, Mathieu Castaings estime que les entreprises ont un rôle à jouer en politique, a fortiori quand elles relèvent de l’ESS : « Promouvoir l’écologie, la démocratie et les enjeux sociaux est en soi un engagement politique », affirme-t-il sur le plateau de « ESS On Air », l’émission de Mediatico qui décrypte l’actualité au travers de l’économie sociale et solidaire.

« Que le Medef fasse de la politique, ce n’est pas nouveau », souligne Mathieu Castaings. « De notre côté, nous avons pris  officiellement position pour dire notre rejet de l’extrême droite et de toutes les formes de dérives ».

En cas d’accession du Rassemblement National à Matignon, les entreprises sociales redoutent « les risques réels d’anti-démocratie, de retard sur la transition écologique et toutes les formes de recul sur le plan social », estime-t-il encore, car « agiter les peurs et les haines participe d’une construction sociale qui nuit à l’idée du faire ensemble et du vivre ensemble que nous voulons incarner ».

Fondateur de Finacoop, la première coopérative d’expertise comptable et financière en France, Mathieu Castaings entrevoit par ailleurs déjà une fragilisation économique accrue des acteurs de l’ESS si l’extrême droite arrive au pouvoir : « On le voit dans les municipalités RN, elles ne vont pas défendre les projets que l’on accompagne », témoigne-t-il, renvoyant aux votes des budgets, aux lois de finance, aux subventions, ou aux appels d’offres qui ne seront plus favorables aux acteurs de l’intérêt général. 

Mathieu Castaings interpelle Benoît Hamon sur Mediatico

Quant au plaidoyer du Mouvess, il s’infléchit passablement comparé à l’an dernier. Fondé voilà un an notamment par Jonathan Jérémiasz et Christophe Itier, le Mouvess portait alors – entre autres – une revendication très symbolique : modifier l’article 1 de la Loi ESS de 2014 dont nous fêtons cette année les 10 ans, afin de modifier la définition et les exigences qui entourent l’économie sociale et solidaire.

Les principales têtes de réseau s’en étaient émues, décidant finalement à l’unanimité de ne pas changer la loi. A présent, le ton change : « Nous n’avons pas de grief avec ESS France », témoigne Mathieu Castaings. Le Mouvess revendique même à présent une place au sein d’ESS France, l’instance qui porte le plaidoyer national de l’économie sociale et solidaire. « Les ESUS (ndlr : entreprises d’utilité sociale) n’ont aucune place dans la gouvernance d’ESS France, alors qu’elles sont un aboutissement de la loi de 2014 », argumente Mathieu Castaings.

Rappelant qu’il existe 200.000 entreprises de l’ESS en France, dont 1% seulement sont agréées ESUS, « nous aspirons à toucher les 99% restant », affirme-t-il, mais l’agrément ESUS doit pour cela « être mieux connu et mieux reconnu », notamment en intégrant le Mouvess au conseil d’administration d’ESS France.

« C’est l’appel que je lance à Benoît Hamon », indique Mathieu Castaings, qui entend rouvrir le dialogue avec ESS France et recréer des synergies avec les autres réseaux de l’ESS, tels que les CRESS ou Fair-Finansol. « C’est cette voix que je veux porter, celle de l’ouverture et du rassemblement avec tous les acteurs de l’ESS », insiste-t-il en se disant très disposé à rencontrer Benoît Hamon, nouveau président d’ESS France. L’appel est clair, il est lancé sur Mediatico.

Le mouvement Impact France restera-t-il dans ESS France ?

Si l’appel du Mouvess est entendu, le mouvement Impact France (MIF) restera-t-il au sein d’ESS France ? Historiquement, Impact France s’appelait en effet le Mouvement des entrepreneurs sociaux (ex-Mouves !). Il représentait les entrepreneurs sociaux, dont beaucoup cherchent à obtenir l’agrément ESUS. Mais le MIF a changé de stratégie, s’élargissant aux entreprises à mission et aux grandes entreprises qui pratiquent la RSE, délaissant du même coup les petits acteurs de l’entrepreneuriat social que n’ont plus aujourd’hui d’instance représentative au sein d’ESS France.

Depuis, la légitimité d’Impact France au sein d’ESS France est parfois contestée. L’initiative du Mouvess de Mathieu Castaings pourrait donc ouvrir la voie à une légère recomposition du conseil d’administration d’ESS France. A moins qu’ESS France ne modifie ses statuts pour que son conseil d’administration, aujourd’hui au complet, s’enrichisse d’un nouveau siège destiné spécifiquement au Mouvess.

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